Interrogé sur les ondes de la BBC vendredi,
Halldor Thorgeirsson a déclaré que le mieux
que nous puissions faire à présent, c'est
de minimiser les dommages et de nous adapter à
une planète de plus en plus chaude.
Le 'processus politique", reconnaît-il,
n'est pas assez rapide pour satisfaire les scientifiques
et les écologistes qui réclament de grandes
réductions des gaz à effet de serre. En théorie,
c'est maintenant, et non dans 10 ou 20 ans, qu'il faudrait
prendre des mesures radicales pour réduire ces émissions,
mais même si, par miracle, un virage en ce sens était
pris à Montréal, il faudrait des années
pour le mettre en uvre.
Or, si le passé est garant de l'avenir, c'est-à-dire
s'il faut se fier aux conférences des Nations
Unies sur les changements climatiques qui ont eu lieu
ces dernières années, il faut énormément
de temps et énormément de compromis
pour en arriver à un consensus. Et sur ce plan,
la conférence de Montréal pourrait être
encore plus frustrante que les précédentes:
l'été dernier, six des principaux pollueurs
de la planète, dont les Etats-Unis, la Chine
et l'Inde, ont
signé un traité qui va à
l'encontre du Protocole de Kyoto.
Ce traité "anti-Kyoto" est d'ores et déjà
suspendu au-dessus de la tête des participants,
tel une épée de Damoclès qui
dirait: si vous conservez Kyoto tel qu'il est l'obligation
de réduire les émissions par rapport
à leur niveau de 1990 nous mettons de
l'avant notre traité "anti-Kyoto".
C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre la déclaration
du premier ministre britannique Tony Blair qui, le
mois dernier, a déclaré que les objectifs
de Kyoto ne seront pas atteints d'ici 2012. En fin
de semaine, le
conseiller scientifique en chef du gouvernement britannique
en a rajouté: il est impossible que, d'ici
2010, son pays atteigne cet objectif de réduction
de 20% par rapport à 1990.
De telles déclarations, à une semaine
de la conférence des Nations Unies, ont valeur
d'avertissement: puisque nos objectifs sont irréalistes,
revoyons-les à la baisse. C'est ainsi que
l'interprète le directeur du Greenpeace britannique:
"je pense que Tony Blair a réalisé
qu'il ne va pas faire changer d'avis George Bush et
que par conséquent, il tente d'amener le reste
du monde vers la position de George Bush".
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le
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la COP de l'an dernier:
L'après
Kyoto? Faudrait régler Kyoto d'abord...
Deux semaines de travail pour en
arriver à presque rien.
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Un tel virage reviendrait, sans le dire, à
abandonner Kyoto, du moins le Protocole de Kyoto tel qu'on
l'avait imaginé il y a 10 ans.
Sans s'aventurer sur ce terrain, Halldor Thorgeirsson
dit espérer que la conférence de Montréal
accouchera à tout le moins de nouveaux fonds pour
aider les pays les plus pauvres à s'adapter à
un accroissement des précipitations ou une hausse
du niveau des mers: ces pays en effet, qui n'émettent
pratiquement pas de gaz à effet de serre, risquent
d'être les plus durement touchés par les émissions
de gaz à effet de serre!
Témoignage du dialogue bizarroïde
entre écologistes et politiciens qui risque de hanter
la conférence de Montréal, le directeur du
Secrétariat de l'ONU sur les changements climatiques,
Richard Kinley, déclarait la semaine dernière
que tout va pour le mieux puisque
les émissions de gaz à effet de serre ont
diminué. Ce calcul ne fonctionne toutefois que
si on prend en compte la réduction radicale de la
production industrielle de l'ancienne Union soviétique.
Seul élément positif pour le
coordonnateur scientifique: on sent un regain d'intérêt
du côté des gens d'affaires. Certaines entreprises
commencent à investir d'elles-mêmes et d'autres
réclament des objectifs précis pour planifier
leurs investissements futurs: le "Kyoto 2" auquel on commence
à songer puisque le Protocole de Kyoto arrive
à échéance en 2012 devra répondre
à leurs interrogations.
La 11e Conférence
des Nations Unies sur le Protocole de Kyoto a lieu à
Montréal du 28 novembre au 9 décembre.