
Le 1er avril 2005

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Irréversible
(Agence Science-Presse) - Et si nous l'avions
déjà dépassé, le point de non-retour?
Si les dégâts infligés à la planète
avaient déjà dépassé le seuil
du supportable? Comment le saurions-nous? La Terre n'est
pas comme un réveille-matin qui sonne lorsque l'heure
est arrivée.
En moins d'un mois, deux études fondamentalement
différentes sont arrivées à un semblable
avertissement. L'une porte sur la hausse moyenne des températures
et prévient que passé un certain seuil, il
est trop tard: les glaces se mettent à fondre de
manière irréversible, avec la hausse du niveau
des eaux qui s'ensuit. L'autre étude porte sur les
écosystèmes et prévient que, passé
un certain seuil, ceux-ci se mettent à se dégrader
de manière irréversible.
C'est bien là ce qu'on appelle un point
de non-retour: passé un certain seuil, même
si vous décidez d'inverser le processus, de fabriquer
des voitures moins polluantes ou d'imposer des quotas sur
la pêche, il est trop tard. Les dégâts
ont déclenché une chaîne d'événements
qui ne peut plus être arrêtée.
Selon les auteurs de la première étude,
parue dans l'édition du 18 mars de la revue américaine
Science, même si les concentrations de gaz
à effet de serre devaient avoir été
stabilisées depuis l'an 2000 ce qui est peu
probable nous serions tout de même déjà
voués à connaître une hausse d'un autre
demi-degré d'ici la fin du XXIe siècle. Et
ce demi-degré supplémentaire entraînera
une hausse de 320% du niveau des mers, ou de 11 centimètres,
en raison de la fonte d'une partie de la banquise du Groenland
et de l'Antarctique. Et ça, c'est le scénario
optimiste.
Ces calculs, le fruit d'une série de
simulations informatiques, sont le résultat de ce
que les climatologues appellent l'inertie thermique des
eaux: les eaux se réchauffent (ou se refroidissent)
à
retardement, par rapport à l'atmosphère.
En conséquence, le réchauffement planétaire
subi au XXe siècle aura ses effets dans les océans
au XXIe siècle.
L'étude est signée par huit
chercheurs du Centre national de recherche atmosphérique
à Boulder, Colorado. Et elle pourrait être
mise en parallèle avec la seconde étude, publiée
le 30 mars par les Nations Unies. Selon ses auteurs, même
si les pays industrialisés faisaient du jour au lendemain
un virage "vert", la biodiversité continuerait d'être
à la baisse d'ici 2050. Les causes: la surpêche,
les espèces envahissantes importées par l'homme
et le recul des forêts boréale, tempérée,
tropicale et de la savane au profit de l'agriculture
ou de l'urbanisation.
L'étude, appelée Millenium
Assessment, est une synthèse des travaux de 1300
scientifiques dans 95 pays.
D'autres chiffres: environ un quart de la
production agricole de la planète s'appuie sur une
surexploitation des nappes d'eau souterraines. A terme,
ces nappes n'existeront plus ou bien, c'est l'agriculture
dans ces régions qui ne pourra plus nourrir ses habitants.
Plus de 25% des réserves commerciales
de poissons sont surexploitées. Et il y a au moins
un cas où on a un exemple concret de point de non-retour
dont on ne s'est aperçu que trop tard qu'il avait
été dépassé: la morue au large
de Terre-Neuve, lorsque ces stocks se sont effondrés
il y a une quinzaine d'années.
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