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L'Américain cannibale
(ASP) - Ceux d'entre vous qui lisent les journaux ont déjà
pris connaissance de cette nouvelle peu ragoûtante: au
Colorado, il y a 850 ans, des Amérindiens pratiquaient
le cannibalisme.
Une découverte qui, pourtant, n'étonne pas les
anthropologues: le cannibalisme n'est pas si rare à travers
les peuples de la planète (généralement
à titre de rituel pratiqué sur des parents décédés
ou des ennemis). Mais alors qu'on le soupçonnait d'avoir
existé chez les Amérindiens aussi, on n'avait encore
jamais pu le prouver. C'est maintenant chose faite. Des archéologues
de l'Ecole de médecine de l'Université du Colorado
ont identifié des ossements humains appartenant à
sept individus distincts, portant des traces démontrant
qu'ils ont été cassés et cuits.
Ces traces, à elles seules, ne prouveraient pas le
cannibalisme : d'autres traces similaires, sur des dizaines d'ossements,
ont été trouvées pour la période
900 à 1300 sur des sites Anasazi et Pueblo, dans le Sud-Ouest
américain, et pourraient être attribuées
à des ennemis massacrés puis abandonnés
aux animaux, ou à l'exécution d'individus sur un
bûcher. Mais dans ce cas-ci, le chercheur Richard Marlar
et son équipe ont un élément de preuve déterminant:
des
traces microscopiques de myoglobine, une protéine
qui n'est présente que dans le sang humain, ont été
retrouvées sur les ustensiles de cuisine et dans les excréments
humains.
Cette preuve déterminante a été obtenue
sur un site de la tribu des Anasazi daté de l'an 1150,
un site qui a été subitement abandonné par
ses habitants -ce qui a permis aux archéologues d'en trouver
des artefacts en bon état, et des repas à demi-consommés.
Pour ajouter à l'horreur de la chose, les excréments
en question ne contenaient que cette myoglobine -ce qui laisse
supposer que cette personne n'avait pris que de la viande humaine
dans son dernier repas -pas de plantes (alors que le régime
anasazi était riche en plantes), pas d'animaux, rien d'autre.
Rarement les scientifiques ont-ils été si prudents
en dévoilant leurs résultats. La revue Nature,
qui
publie cette recherche, l'accompagne d'une discussion imaginaire
entre des partisans et des opposants à la théorie
du cannibalisme. Parce que, résume Jared Diamond, du département
de physiologie de l'Université de Californie, le cannibalisme
fait partie de ces rares coutumes capables
de déclencher une réaction de dégoût
et d'horreur, au point où les preuves démontrant
son existence ont été plus souvent qu'autrement
balayées du revers de la main. "Pourquoi les preuves
de cannibalisme -qui suggèrent que cette pratique fut
jadis répandue- sont-elles aujourd'hui systématiquement
niées?" Parce que cette idée nous fait horreur,
justement, et que nous ne pouvons pas admettre que des sociétés
aient pu la pratiquer, sauf dans des cas d'extrêmes famines.
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