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Gel ou dégel
Si vous aviez besoin d'une preuve de plus que la Terre
se réchauffe, la voici. Le gel des lacs et rivières,
depuis 150 ans, est de plus en plus tardif, et le dégel
survient de plus en plus tôt.
Est-ce que vous faites votre part
pour lutter contre le réchauffement global?
Discutez-en dans le forum Science-Presse/Médito
Et
cette tendance semble très nette, aussi bien en Amérique
du Nord qu'au Japon.
Une équipe internationale de chercheurs, qui publie
dans la dernière
édition de la revue Science, s'est penchée
autant sur les archives de journaux que sur les documents des
compagnies de transport ou des autorités religieuses locales,
pour obtenir ces dates de gel et de débâcles sur
26 lacs et rivières, entrer le tout dans un ordinateur
et en ressortir avec cette tendance nette. Les archives, qui
ne portent que sur l'hémisphère Nord, proviennent
entre autres de la Russie, du Canada ou de la Finlande. Selon
John Magnuson, de l'Université du Wisconsin à Madison,
il s'agirait de la démonstration la plus solide qu'un
réchauffement frappe bel et bien notre planète
depuis 150 ans, plus solide encore que toutes les données
climatologiques ou végétales récoltées
jusqu'ici.
Entre le début et la fin de la période étudiée,
soit de 1846 à 1995, le gel se produit en moyenne 8,7
jours plus tard, tandis que le dégel arrive 9,8 jours
plus tôt. Presque toutes les années retenues (38
sur 39) sont révélatrices d'un réchauffement.
Le Dr Magnuson admet que ceci ne permet pas de démontrer
la responsabilité des gaz à effet de serre, d'autant
plus que d'autres données, non publiées, sembleraient
dire que le réchauffement aurait commencé avant
1846. Mais la tendance qui se dégage de ces statistiques
correspond aux modèles déjà publiés
par d'autres chercheurs sur les effets des gaz à effet
de serre.
Cette étude s'inscrit dans un plus vaste projet visant
à construire une banque de données des périodes
de gel et de dégel sur les lacs et rivières, à
travers le monde : dans certains cas, grâce aux autorités
locales, des données extrêmement riches, et rarement
exploitées par les scientifiques, sont disponibles. Ainsi,
le lac Suwa, au Japon, est le fruit d'observations menées
scrupuleusement depuis 1443, par les membres de la religion shintoïste
-parce qu'ils croyaient que ce lac était le lieu de rencontres
de plusieurs dieux. Des documents sur le lac Constance, aux limites
de l'Allemagne et de la Suisse, remontent même jusqu'au
IXe siècle -là aussi grâce aux autorités
religieuses locales, qui devaient faire traverser une statue
de la Vierge chaque année sur la glace.
Chaude maladie
Ce n'est pas tout. Si ça se réchauffe, ce n'est
pas seulement une mauvaise nouvelle pour les agriculteurs ou
pour les villes côtières qui risquent d'être
inondées (la fonte des calottes glaciaires fera monter
le niveau des mers). C'est une très bonne nouvelle pour
certaines maladies tropicales, qui vont trouver le moyen de progresser
vers le Nord.
C'est le cas du choléra, mais peut-être moins
de la malaria, dont un nouveau
modèle informatique sur la transmission future de
cette maladie suggère que les pays du Nord demeureront
"relativement" protégés. David J. Rogers
et Sarah E. Randolph, de l'Université Oxford, reprochent
aux études précédentes, qui prévoyaient
des risques accrus de malaria en Europe et en Amérique,
de s'être uniquement basées sur les hausses de température,
et de ne pas avoir tenu compte des taux de précipitations
ou d'humidité, facteurs qui affectent la croissance du
parasite. En conséquence, écrivent-ils dans Science,
même un réchauffement dramatique de la planète
ne modifierait pas énormément le territoire d'action
de la malaria.
Par contre, le choléra est une autre paire de manches.
Une autre étude, également
parue dans Science, démontre que cette maladie
semble très sensible aux variations climatiques, au point
où ses avancées et reculs au Bangladesh varient
au même rythme que les oscillations du climat causées
par El Nino. Sans pouvoir expliquer pourquoi, l'équipe
internationale derrière cette étude suggère
que la "dynamique" de la maladie pourrait être
liée aux changements qui se produisent au niveau des courants
atmosphériques, lesquels peuvent peut-être suffire
à faire prospérer le parasite. Tout ceci reste
au niveau des hypothèses, mais le lien entre la croissance
de la maladie et les changements climatiques, lui, est indéniable.
Le monde est beaucoup plus petit qu'il en a l'air...
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