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Le trou noir n'a pas avalé la Terre
(ASP) - La fin du monde n'a pas eu lieu. L'expérience
qui, de l'avis des plus pessimistes, devait produire un trou
noir qui engloutirait la Terre, a parfaitement réussi,
mais ses conséquences sont restées circonscrites
au laboratoire. Et, surprise, les Américains vers lesquels
tous les regards étaient tournés depuis cet automne
ont été pris de vitesse : c'est en Suisse, au laboratoire
CERN de physique des particules, qu'a été réalisée
cette expérience.
Dans leur communiqué, les physiciens d'une vingtaine
de pays annoncent que ce qu'ils ont fait, c'est de " créer
un nouvel état de la matière "; ou, plus exactement,
de recréer un état de la matière qui a déjà
existé... mais qui est disparu depuis environ 15 milliards
d'années. Cet état de la matière, le plasma
quark-gluon pour les intimes, n'aurait en effet existé
que pendant les premiers millièmes de seconde de notre
univers. En d'autres termes, on aurait recréé au
CERN, pendant un très, très bref instant, les conditions
qui existaient immédiatement après le Big Bang.
Est-il besoin de le souligner, les premières fractions
de secondes après le Big Bang représentent, pour
autant qu'on puisse se les imaginer, l'enfer : la chaleur y est
telle que même les atomes ne se sont pas encore formés,
la température étant trop élevé pour
que protons, neutrons et électrons puissent s'unir. En
fait, même les protons et leurs confrères ne peuvent
pas s'unir et leurs constituants -les quarks, entre autres- sont
éparpillés dans une
" soupe " que, faute de meilleur terme, on a baptisé
le plasma quark-gluon. Après quelques fractions de
seconde, à mesure que la température s'est abaissée,
cette " soupe " s'est estompée et a laissé
place aux particules qui nous sont plus familières.
Réussir à créer ce plasma quark-gluon
en laboratoire a donc pour but de mieux comprendre la nature
même de la matière -et, au passage, nos propres
origines.
Cet exploit constitue le point culminant de six ans de travail
pour les physiciens des hautes énergies. Depuis 1994,
ceux du CERN utilisent un accélérateur de particules
géant -un cercle de six kilomètres!- pour provoquer
des collisions à très, très haute vitesse
entre des atomes. La force de ces collisions est telle que la
température à la " surface " de ces atomes
est, pendant un bref instant, amenée à un niveau
dépassant les deux millions de millions de degrés
-100 000 fois plus chaud que le coeur du Soleil! Ce qui, en théorie,
serait suffisant pour recréer ces conditions d'il y a
15 milliards d'années.
Et c'est ce qui s'est passé. Du
moins, c'est ce qu'on croit qui s'est passé : on parle
ici d'une quantité de matière tellement infime
-un atome à la fois- et pendant si peu de temps -moins
d'un milliardième de milliardième de seconde!-
qu'on a intérêt à être prudent. "
Toutes les données nous conduisent à conclure que
nous avons maintenant des faits probants suivant lesquels un
nouvel état de la matière a été créé...
lequel présente plusieurs des caractéristiques
du plasma quark-gluon tel qu'il avait été théoriquement
prédit. " Bref : c'est probablement lui, mais c'est
pas encore sûr.
La prochaine manche appartient aux Américains du RHIC
(Relativistic Heavy Ion Collider), dans l'Etat de New York, eux
vers qui un doigt accusateur avait été pointé
en août dernier (" des scientifiques veulent créer
un trou noir qui pourrait engloutir la Terre ") et dont
l'expérience devrait finalement avoir lieu en mai. Bien
qu'ils soient sans doute frustrés d'avoir été
coiffés au poteau, il n'en demeure pas moins que leur
équipement peut produire deux à cinq fois plus
d'énergie que celui du CERN -du moins, pour l'instant,
puisqu'un autre projet est en chantier au CERN- et qu'il permettra
donc, peut-être, de confirmer ce que le CERN n'a pu qu'effleurer.
Mais qu'on se rassure, pour produire un trou noir, il faudrait
des millions de fois plus d'énergie, et non pas deux à
cinq fois plus...
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