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Thérapie génique ou histoire d'horreur?
La thérapie génique vire à l'histoire
d'horreur. Après un décès, après
une montagne d'effets secondaires dissimulés, après
des échecs patents du côté des animaux de
laboratoire et des rapports douteux, voici qu'on apprend qu'on
pourrait avoir injecté le sida à certains patients.
Et cela, au moment même où, pour la première
fois, des chercheurs annoncent avoir effectué une véritable
percée : à Paris, une
thérapie génique a supprimé chez des souris
les plaques de graisse qui, en s'accumulant dans les artères,
finissent par provoquer des crises cardiaques.
Mais cette réussite apparaîtra bien pâle
si, au cours des prochaines semaines, la nouvelle dévoilée
par le Washington Post doit se confirmer. Vingt-cinq jeunes
patients de 4 à 17 ans, atteints de cancer au cerveau
auraient
été, peut-être dès 1995, accidentellement
exposés au virus VIH, le virus responsable du sida.
Les chercheurs s'en seraient aperçus en décembre
mais, pour ajouter l'insulte à l'injure, l'incident n'a
été rapporté que la semaine dernière
-après que la direction du Centre de recherche de l'hôpital
pour enfants St. Jude (Memphis) et du Collège Baylor de
médecine (Houston) eurent appris que le Washington
Post s'apprêtait à publier cette nouvelle.
Les deux journalistes, Rick Weiss et Deborah Nelson, qui ont
effectivement publié cette histoire, à la Une de
l'édition du 11 février, suivent la piste de la
thérapie génique depuis cet automne. Ils sont à
l'origine de dizaines d'articles dont plusieurs ont carrément
orienté les enquêteurs gouvernementaux qui tentaient
de faire la lumière sur le décès de Jesse
Gelsinger, 18 ans, survenu en septembre. Jesse Gelsinger, souffrant
d'une maladie héréditaire du foie, faisait l'objet
d'un traitement expérimental -la fameuse thérapie
génique. Il est ressorti de l'enquête que son état
de santé, dans les jours précédant les derniers
traitements, aurait dû obliger à interrompre ceux-ci.
La thérapie génique fait appel, comme son nom
l'indique, aux gènes. Elle consiste à combattre
une maladie héréditaire en éliminant le
gène fautif, ou en atténuant ses effets -dans ce
dernier cas, en le bombardant avec une substance précise,
ou un virus.
C'est justement ce qui se serait passé avec ces 25
jeunes patients : le traitement qui leur était administré,
et qui avait démarré en 1995, aurait pu être
contaminé par le VIH, de même que par le VCH, le
virus qui cause l'hépatite C.
Le " aurait pu être " est important : on n'est
pas sûr que cette contamination ait bel et bien eu lieu.
Il
pourrait s'agir d'une fausse alarme, souligne le New York
Times. Ce serait d'ailleurs la raison, assurent aujourd'hui
les chercheurs, pour laquelle ils n'ont pas rendu publique cette
nouvelle plus tôt.
Mais le seul fait qu'elle " aurait pu " avoir lieu
a de quoi faire froncer les sourcils. La FDA (administration
américaine des aliments et drogues) mène actuellement
des tests. Et en attendant, les expériences sont interrompues.
Bien que tout le monde s'entende pour dire que la thérapie
génique demeure un traitement hautement expérimental,
elle soulève d'énormes espoirs. En fait, pour beaucoup
de parents, il s'agit du seul espoir dont ils disposent. Les
révélations de cet automne ont sérieusement
nui à sa crédibilité mais surtout, à
la crédibilité des responsables de ces thérapies,
qui semblent enclins à dissimuler le plus longtemps possible
les études qui leur sont défavorables -en dépit
des règlements de la FDA, qui obligent les auteurs de
toute thérapie expérimentale à signaler
tout effet secondaire nouveau et tout décès chez
les animaux de laboratoire, dans les plus brefs délais.
Quant aux nombreux reportages journalistiques, ils n'ont pas
manqué de soulever le fait que, après plusieurs
années, en dépit de nombreuses études encourageantes,
on n'a toujours pas la moindre preuve que la thérapie
génique ait guéri une seule personne.
Le 21 janvier, la FDA ordonnait l'interruption
temporaire du prestigieux programme de thérapie génique
de l'Université de Pennsylvanie, là où est
décédé Jesse Gelsinger. CAPSULE Le 7 février,
un centre médial de la région de Boston annonçait
qu'il mettait
temporairement le holà sur son propre programme de thérapie
génique -12 patients atteints d'hémophilie
y sont soignés.
La
découverte française tombe donc à un
bien mauvais moment, surtout si ces chercheurs espéraient
que leur annonce suscite de l'intérêt chez d'éventuels
commanditaires. Ce que cette équipe de la firme Rhone-Poulenc
et de l'Institut Pasteur de Paris affirme avoir accompli, c'est
un exploit qui ouvre la porte à une nouvelle façon
de traiter le blocage des artères, une des causes principales
des maladies cardiaques. Les chercheurs, dirigés par le
Dr Nicholas Duverger, ont injecté à leurs souris
un gène humain chargé de produire de l'apolipoprotéine
E (ApoE), une protéine-clef dans le transport et l'élimination
du cholestérol. Et le résultat semble probant :
après 200 jours, on pouvait constater une énorme
différence dans la quantité des dépôts
de graisse dans les artères des animaux traités,
par rapport aux animaux non-traités.
Selon la Fondation britannique du coeur, qui subventionne
plusieurs recherches sur le rôle de l'ApoE dans la lutte
contre les maladies cardiaques, il pourrait toutefois s'écouler
une dizaine d'années avant que l'usage de cette protéine
soit recommandé pour des humains -et ça, c'est
en supposant que de futures études démontrent qu'elle
semble aussi efficace chez eux que chez les souris.
En attendant, la thérapie génique aura encore
plus d'une croûte à manger...
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