En manchettes la semaine dernière:
La vie artificielle
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L'être humain en
10 000 brevets
La course au décodage de notre bagage génétique
entre dans son dernier droit. D'ici quelques mois, au moins une des équipes
-amies, mais néanmoins concurrentes- aura déposé le
"premier jet" -au moins un tiers de notre "carte génétique".
Et avec ce premier jet, déferleront une légion de demandes
de brevets. Des brevets sur une partie de vous-même.
On en parle depuis longtemps, mais cette fois, on s'approche vraiment
de sa réalisation concrète: le brevetage du genre humain.
Un des chefs de file de la recherche génétique, le Dr Craig
Venter, avait prédit l'an dernier devant le Congrès des Etats-Unis,
que celui-ci devait s'attendre à recevoir dans un proche avenir "100
à 200 bits" de brevets sur du "matériel génétique
humain". Ce même chef de file, vient-on
tout juste d'apprendre, n'a pas perdu son temps, puisqu'il
a lui-même rempli ces derniers mois 6500 demandes préliminaires
de brevets pour autant de gènes humains. Et on s'attend à
ce qu'il en remplisse quelques dizaines de milliers d'autres.
Comment diable peut-on breveter quelque chose qui existe dans la nature
depuis des millions d'années, demanderez-vous? Eh bien, tout simplement
parce que la loi, tout au moins aux Etats-Unis et dans d'autres pays occidentaux,
permet bel et bien, depuis qu'a surgi l'expression "manipulations génétiques",
de déposer un brevet sur un gène. En autant que ce gène
ait été altéré, ou encore, qu'il ait été
inconnu jusqu'ici -ce qui est suffisamment large pour englober à
peu près n'importe quoi.
D'autant que le Dr Craig C. Venter et la compagnie qu'il a fondé,
Celera Genomics, de Rockville, Maryland, n'est pas seul en lice: deux de
ses compétiteurs, Human Genome Sciences, également de Rockville,
et Incyte, de Palo Alto, Californie, ont
chacun rempli plus de 6000 demandes.
Ceux qui s'opposent à cette course aux brevets ne le font pas
seulement au nom d'arguments nobles tels que "les gènes font
partie du patrimoine de toute l'humanité". Ils invoquent le
risque que cela limite la recherche scientifique: autant les compagnies
que les chercheurs pourraient cesser d'investir temps et argent dans quelque
chose, s'ils se mettaient à craindre que ces choses ne soient propriété
priv..ée.
Devant la volée de bois vert qui lui est tombée dessus
la semaine dernière, le Dr Venter s'est défendu en allèguant
que ceux qui le critiquent n'ont rien compris: une demande préliminaire
de brevet "n'est qu'une étape du processus". Seul un petit
nombre de demandes, 300 tout au plus, aboutiront vraiment, en bout de piste,
à un brevet.
Curieusement, cela n'a pas semblé rassurer les critiques...
Il faut dire que c'est ce même Dr Craig Venter qui, en janvier
dernier, déclarait dans un congrès que nous n'étions
plus qu'à
quelques enjambées de créer la première "vie artificielle".
Il faut dire aussi que même les groupes de recherche subventionnés
par l'argent de l'Etat, sous l'égide du projet international Génome
humain, sont engagés dans la chasse aux brevets. La différence,
c'est que la plupart le font plus à plus petites doses, alors que
l'équipe de Venter a adopté la stratégie du bazooka,
qui lui permet de ratisser large et vite -et qui fait que Celera sera sans
doute la première au fil d'arrivée. Sa carte du génome
sera moins précise, mais elle sera la première.
Qu'a-t-il breveté jusqu'ici? Entre autres, explique-t-il à
Reuters, un groupe de gènes "qui pourrait être très,
très important en terme de maladie virale -un nouvel alpha-interféron".
Un alpha-interféron est une substance chimique protectrice émise
naturellement par notre organisme. Certains ont déjà conduit
à des médicaments contre l'hépatite.
On espère, explique le Washington Post, que dans le lot
de ces gènes ainsi découverts, figure de quoi ouvrir de nouvelles
portes contre le cancer, le sida et la maladie d'Alzheimer. Avec, cela va
sans dire, les retombées en espèces sonnantes et trébuchantes
pour les compagnies pharmaceutiques à qui Celera ou un autre auraient
"généreusement" cédé "l'exclusivité"
sur un gène...
Qui donc a dit: "nous vivons vraiment une époque formidable"...
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