Semaine du 2 août 1999

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Le créateur de cancer


C
omment une cellule normale se transforme-t-elle en cellule cancéreuse? Pour le savoir, des scientifiques ont créé... une cellule cancéreuse!

 

Et leur travail, mine de rien, est monumental: il y a des décennies que des chercheurs tentent de comprendre le processus derrière la "cancérisation" d'une cellule. Le fait d'avoir enfin réussi à reproduire ce processus en laboratoire constitue un immense pas vers une meilleure compréhension de ce mal.

Cet "événement-phare", comme le qualifie la revue Nature en éditorial, on le doit à la génétique. On sait déjà que le cancer est le résultat d'un ou de plusieurs gènes qui ont mal tourné. Une équipe de l'Institut de recherche biomédicale Whitehead, au Massachusetts Institute of Technology, dirigée par Robert Weinberg, a donc créé cette tumeur en altérant une cellule "normale": plus précisément, en altérant quelques gènes-clefs traditionnellement associés au développement d'un cancer.

Cet exploit avait déjà été accompli sur des cellules de souris, mais la difficulté, pour des cellules humaines, s'est avérée beaucoup plus grande que prévu -sans qu'on ait entièrement compris pourquoi, même aujourd'hui.

Le parcours a été alambiqué: il a d'abord fallu introduire dans la cellule saine une portion de la télomérase, une enzyme dont la fonction serait d'empêcher les chromosomes de se détériorer -et d'ainsi retarder le vieillissement. La télomérase a parfois été surnommée "gène de l'immortalité", parce qu'elle peut obliger une cellule à continuer de se multiplier indéfiniment -ce qui serait effectivement la garantie de l'immortalité; mais ce qui est aussi, rien n'est parfait, la définition même du cancer! En introduisant ce gène dans la cellule saine, les chercheurs ont donc créé une cellule cancéreuse.

Mais ce n'était pas tout: il a également fallu y introduire un deuxième gène, baptisé RAS, dont une protéine, sous une forme "malade", est présente dans plus d'un cancer sur quatre. Enfin, il a fallu introduire un gène de virus de singe, dont on sait depuis les années 50 qu'il a la capacité de neutraliser deux protéines qui servent de "chasseur" de tumeur.

En d'autres termes, il a fallu introduire les responsables de la tumeur, mais il a fallu aussi leur préparer le terrain, et c'est sur ce dernier obstacle qu'avaient toujours buté, jusqu'ici, les experts.

"Je pense que c'est un pas très important, déclare à l'Associated Press Moshe Yaniv, de l'Institut Pasteur, en France. "Mais nous ne devrions pas donner aux gens l'impression que nous sommes sur le point de guérir le cancer."

Mais la découverte Weinberg ouvre effectivement la porte à une nouvelle génération de traitements, qui pourraient cibler les gènes défaillants, épargnant ainsi les effets secondaires souvent désastreux des traitements en vigueur, dont en tout premier lieu la chimiothérapie. Qui plus est, cette stratégie pourrait -en théorie- permettre d'ajuster le traitement en fonction du type de cancer -étant entendu qu'il n'y a pas qu'UN cancer, et qu'aucun expert sérieux ne prétendrait qu'il puisse exister un traitement permettant de guérir tous LES cancers.

"La cellule demeure encore en bonne partie une boîte noire. Nous en avons ouvert une partie, à l'extérieur, mais ce qui se trouve au centre reste encore très obscur", résume Bill Hahn, oncologue membre de l'équipe Weinberg.

 

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