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Damnées statistiques
Les Kennedy sont-ils vraiment l'objet d'une damnation? Drôle
de question, direz-vous, pour qui souhaite répondre avec une rigueur
toute scientifique -ou journalistique. Mais pourquoi ne pas poser la question
à un statisticien?
C'est l'idée qu'a eu le service de nouvelles du réseau
de télé ABC, après en avoir eu sans doute assez d'entendre
pendant une semaine commentateurs de télé et journalistes
de la presse écrite évoquer cette "malédiction"
qui pèserait sur la tête de cette famille royale américaine.
A-t-elle
vraiment eu plus que sa part "statistiquement normale" de malheurs?
On s'en doute, la réponse n'est pas facile. Qu'est-ce qu'une part
"statistiquement normale"? Et les Kennedy n'ont-ils pas de surcroît
une série de caractéristiques qui n'en font pas tout à
fait une famille "normale"?
Il faut d'abord savoir qu'il n'est pas rare, dans les familles nombreuses
-et les Kennedy forment une famille très nombreuse- d'assister à
davantage de décès, de maladies et de tragédies que
ce à quoi on serait en droit de s'attendre. La pauvreté peut
par exemple faire jouer les probabilités. Ainsi que des facteurs
psychologiques -par exemple, pour prendre un exemple tout à fait
au hasard, le goût du risque dans certaines familles riches...
"Peu de personnes, souligne ABC, invoqueraient une malédiction
pour expliquer une série désastreuse de décès
dans une famille vivant dans un quartier où le taux de criminalité
est très élevé, ou parmi une famille d'artistes du
cirque."
"Additionnez les accidents d'automobiles, les cancers et autres
calamités frappant tous les cousins, tantes et oncles, petits-enfants
et épouses, et je parie qu'une minorité non-négligeable
de familles souffrent de pertes d'une ampleur comparable à celles
des Kennedy." A cette différence près que les déboires
de ces familles-là ne sont pas suivis par 250 millions d'Américains...
Il y a les coïncidences, diront certains. L'accident d'avion de
John F. Kennedy Jr est survenu pratiquement le même jour que l'anniversaire
de l'accident de voiture de son oncle Ted Kennedy à Chappaquiddick.
Certains des débris de son avion ont fini leur parcours sur la page
près de la résidence des Kennedy, à Martha's Vineyard.
Mais des coïncidences, on peut en empiler autant qu'on veut, pour
autant qu'on tienne à en trouver. Comment les mesure-t-on, à
côté des millions d'événements survenus cette
même semaine -et qui, eux, n'ont pas été remarqués
parce qu'ils n'avaient rien d'une coïncidence? Le mathématicien
John Allen Paulos, de l'Université Temple, s'est amusé à
en empiler qui concernent les présidents Kennedy et Abraham Lincoln.
Tous deux ont perdu des fils; tous deux furent élus dans l'année
60 de leur siècle; Lincoln avait une secrétaire nommée
Kennedy, et Kennedy avait une secrétaire nommée Lincoln; tous
deux furent, bien sûr, assassinés alors qu'ils étaient
en fonction. Des coïncidences comme celles-là, on peut en trouver
autant qu'on veut... pour autant qu'on tienne absolument à en trouver.
"Si vous cherchez des coïncidences, il n'est pas étonnant
que vous en trouviez."
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