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Plaques martiennes
Il y a une quarantaine d'années, les géologues faisaient
l'histoire, en démontrant que la surface de la Terre était
constamment retravaillée par le mouvement de ce qu'on appellait les
plaques tectoniques: des blocs de la taille d'un continent, qui glissent
comme des icebergs peuvent glisser à la surface de l'eau. Aujourd'hui,
l'histoire se répète... sur Mars.
C'est une signature magnétique qui a trahi la planète rouge:
plus précisément, rangées après rangées
de "rubans magnétiques", similaires à ceux qui,
chez nous, sont laissés dans l'écorce terrestre par les plaques
tectoniques à mesure qu'elles grandissent et se déplacent.
Cette similarité entre Mars et la Terre, longtemps espérée,
enthousiasme l'équipe franco-américaine qui l'a mise à
jour, parce qu'elle pourrait, si elle se confirme, constituer
la première observation directe d'une activité tectonique
passée sur Mars.
En fait, il s'agirait carrément de la première activité
tectonique ailleurs que sur la Terre. Il s'agirait donc d'une démonstration
que Mars fut bel et bien une planète "active", à
l'aube de son histoire: autrement dit, il y a jadis eu là-bas du
magma en fusion, une activité sismique et volcanique, bref, tout
ce qui distingue une planète comme la Terre d'un astre mort comme
la Lune (les mordus d'astronomie objecteront que Io, une des lunes de Jupiter,
est active, mais son activité n'a rien à voir avec le mouvement
des plaques tectoniques, mais plutôt avec une surface étirée
comme une pâte à modeler par la gigantesque force d'attraction
de Jupiter).
Certains vont même jusqu'à avancer que cette découverte
martienne pourrait aussi être interprétée comme
une preuve de la présence d'océans sur Mars, il y a quatre
milliards d'années.
Et enfin, cette nouvelle filiation entre Mars et la Terre apporte un
indice de plus sur ce à quoi la Terre pourrait ressembler... dans
quelques milliards d'années, quand elle sera à son tour devenue
une planète morte.
C'est aux observations de la sonde Mars Global Surveyor, actuellement
en orbite martienne, qu'on doit cette découverte, et deux articles
lui sont consacrée dans
la dernière édition de la revue Science.
A propos des plaques
La théorie des plaques tectoniques a révolutionné
notre connaissance de la géologie et de l'histoire de notre planète.
Elle décrit comment l'écorce terrestre est divisée
en morceaux, ou plaques, qui "flottent" au-dessus d'une couche
(le manteau) mi-solide, mi-liquide. La chaleur en provenance du centre de
la Terre remue ce manteau, faisant à son tour bouger les plaques,
qui se séparent, s'entrechoquent et parfois, empiètent les
unes par-dessus les autres -créant ainsi une chaîne de montagnes
comme l'Himalaya. Ces mouvements, bien qu'ils s'étalent sur des millions
d'années, sont à l'origine aussi bien des tremblements de
terre que des éruptions volcaniques.
La théorie des plaques tectoniques fut confirmée chez nous
dans les années 60 par la découverte, au fond de l'Atlantique,
d'une série de rubans magnétiques. Ceux-ci portaient une "signature"
témoignant de la rencontre, en plein milieu de l'Atlantique, de deux
plaques. C'est exactement cette signature que l'équipe franco-américaine
a identifiée sur Mars, témoignant que les mêmes forces
qui continuent de façonner la Terre ont jadis façonné
la surface de Mars.
Ironiquement, c'est une malchance qui a permis cette découverte.
Mars Global Surveyor (MGS) remplace la sonde Mars Observer, perdue dans
l'espace en 1993. Pour économiser des sous et limiter les dégâts
en cas d'une autre perte, MGS fut envoyé sur une "trajectoire
économique" qui ne lui permettait pas de se placer sur une orbite
martienne standard dès son arrivée. Au lieu de cela, MGS s'est
placée il y a un an et demi sur une trajectoire l'obligeant à
ralentir progressivement. C'est cette tactique qui lui a permis, tout à
fait par hasard, de détecter les premières traces de signatures
magnétiques, dès septembre 1997. Un mois plus tard, une autre
malchance -une faiblesse d'un panneau solaire- l'obligeait à ralentir
encore plus -et à effectuer un millier d'orbites là où
on n'en avait prévu qu'une centaine. MGS se mit alors à détecter
de plus en plus de traces de cette signature magnétique, jusqu'à
ce qu'elles commencent à former une image: des rubans de 100 km de
large et de 2000 km de long. La ressemblance avec les rubans magnétiques
terrestres sauta aux yeux.
Mais d'autres experts demeurent perplexes. S'appuyant sur les différences
plutôt que les ressemblances entre ces signatures et les nôtres,
le paléomagnéticien Ronald Merrill, de l'Université
de Washington, déclare: "si des plaques tectoniques opéraient
vraiment sur Mars, alors elles fonctionnaient différemment des nôtres,
ou ont été enregistrées différemment par les
rochers".
Une raison de l'intérêt généré par
cette découverte -et une raison pour laquelle plusieurs tiennent
très fort à y croire- est que l'existence d'une activité
tectonique dans le passé de Mars augmente du même coup la possibilité
que de la vie y ait existé. "L'activité" d'une planète
contribue en effet à réchauffer la surface, ce qui, dans le
cas de Mars, aurait pu favoriser la présence d'eau. Et là
où il y a de l'eau... |