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Le gène gay disparaît des écrans radars
Il y a six ans, on annonçait en grandes pompes la découverte
d'un gène de l'homosexualité masculine. Cette semaine, une
nouvelle étude vient confirmer ce que bien des chercheurs soupçonnaient:
le lien est loin d'être aussi évident qu'il en a l'air.
La nouvelle avait fait le tour du monde en juillet 1993, et rendu célèbre
le généticien moléculaire Dean Hamer et ses collègues
de l'Institut national du cancer: un gène à l'époque
non-identifié du chromosome X, aujourd'hui appelé Xq28 -un
gène transmis par la mère- pouvait être directement
lié à l'homosexualité chez les hommes. Ce n'était
qu'une question de temps, poursuivait-on, avant que l'on obtienne les clefs
biologiques de l'orientation sexuelle.
Dans
la dernière édition de la revue Science (résumé
de l'article; nécessite une inscription gratuite), les neurologues
George Rice et George Ebers, de l'Université Western Ontario, à
London, rapportent au contraire un échec
complet des tentatives pour établir un lien entre ce Xq28 et quelque
trait que ce soit.
Cette annonce n'est pas sans en rappeler d'autres: au cours des dernières
années, d'autres recherches ont jeté aux poubelles les annnonces
enthousiastes selon lesquelles on avait découvert "le"
gène de la maniaco-dépression, "le" gène
de la schizophrénie et même "le" gène de l'alcoolisme.
Se confirme de plus en plus ce que nombre de généticiens se
tuent à répéter: un
gène, à lui tout seul, n'explique pas grand-chose.
Les experts en génétique behaviorale -eh oui- ne jettent
pas la serviette pour autant: il est bel et bien possible qu'il existe en
nous un "gène du gay". Dès 1991, le psychologue
Michael Bailey, de l'Université Northwestern, en Illinois, avait
découvert que 52% des jumeaux identiques d'hommes gay étaient
eux aussi gay, contre 22% des jumeaux non-identiques. Mais si ce gène
existe bel et bien, ces chiffres révèlent du même coup
qu'il ne fait pas le travail seul (puisque dans les cas des jumeaux identiques,
il en existe tout de même 48% qui ne sont PAS gays): d'autres gènes,
sans parler d'autres facteurs -biologiques, environnementaux, sociaux- doivent
nécessairement être en cause.
En 1993, le groupe Hamer s'était penché sur 40 paires de
frères homosexuels, et avait constaté que dans 33 de ces paires,
une région, dans la moitié inférieure du chromosome
X, était identique. Une seconde étude de la même équipe,
en 1995, avait découvert une autre corrélation, quoique plus
faible cette fois. Sauf que cette année, les chercheurs canadiens,
qui ont tenté de reproduire ces résultats, ne sont arrivés
à aucun résultat concluant. "S'il
y a un lien ici, renchérit le statisticien Neil Risch, co-auteur
de l'étude, il est très faible." Le débat
est donc relancé.
Dean Hamer n'est évidemment pas d'accord: cité par Science,
il affirme que le lien n'est pas du tout "faible" et met en doute
la façon dont Rice et Ebers ont choisi leur "échantillon".
Sans aller jusqu'à l'appuyer, d'autres chercheurs, dont le psychiatre
généticien (!) Elliot Gershon, de l'Université de Chicago,
qualifient "d'intéressantes" les données de Rice
et Ebers, mais ajoutent que davantage de données sont nécessaires.
"Le fait de ne pas découvrir un lien ne signifie pas qu'il n'existe
pas."
Parmi les nombreux articles parus depuis la semaine dernière sur
cette découverte, celui du New York Times met tout particulièrement
l'accent sur la complexité des recherches en génétique,
et l'énorme chemin qui nous reste à parcourir. Même
si le génome humain est en voie d'être décodé,
ce que nous aurons, dans quelques années, ce sera une "carte"
de ce nouveau monde: mais il restera ensuite à comprendre à
quoi sert chacun de ces 100 000 gènes. Et ça, c'est un travail
qui pourrait prendre des décennies -gène de l'homosexualité
ou pas. |