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Maman robot
Les robots de la science-fiction sont peut-être
moins loin qu'on ne l'imagine. Les télévisions
du monde entier ont présenté la semaine dernière
des images de cette bestiole mécanique de forme pyramidale
qui marche, et qui a été conçue non pas
par un humain, mais par un ordinateur. Par contre, ce que les
télés n'ont pas montré, c'est que derrière
cet exploit, il y aura bientôt une armée de robots.
.
Les robots supplanteront-ils l'humain?
Discutez-en dans le forum Science-Presse/Médito
Les Isaac Asimov et autres Clifford D. Simak l'ont compris
bien longtemps avant tout le monde : pour que les robots qu'ils
ont imaginés dans leurs oeuvres de science-fiction deviennent
réalité, il ne suffira pas d'inventer des mécanismes
capables de les faire marcher sans trébucher à
tous les trois pas. Le plus difficile sera d'inventer des mécanismes
permettant à ces robots de se reproduire eux-mêmes,
afin qu'on n'ait pas chaque fois à reprendre tout le processus
de fabrication à zéro.
Partant de ce principe, Hod Lipson et Jordan Pollack, de l'Université
Brandeis (Massachusetts) ont passé les deux dernières
années à mettre au point un système informatique
qui serait capable de créer lui-même une "forme
de vie robotisée", sans aucune intervention humaine.
Idéalement, ce système devrait être capable
de concevoir n'importe quel type de robot, en fonction du travail
qu'on veut lui faire faire ou de l'environnement où il
devra se déplacer. Le résultat, dévoilé
la semaine dernière dans les pages de la revue britannique
Nature, c'est ce robot à la forme pyramidale, un
assemblage fort primitif de quelques tubes de plastique, dont
la seule et unique aptitude est de pouvoir se déplacer.
Mais ce robot, c'est une machine qui l'a conçu -plus
précisément, le système informatique de
Lipson et Pollack.
"L'idée de base, explique Jordan Pollack, c'est
qu'une machine stupide qui a évolué pour servir
un seul environnement est plus facile à concevoir et fabriquer
qu'une machine qui doit travailler dans plusieurs environnements,
ou un robot humanoïde qui doit être assez intelligent
pour effectuer plusieurs tâches."
C'est en vertu de la même logique que, de l'autre côté
de l'Atlantique, Laurent Keller et ses collègues de l'Université
de Lausanne, en Suisse, ont
conçu une armée de robots qui, en théorie,
pourraient travailler à la manière des fourmis:
coopérer afin d'atteindre un but commun, chaque membre
de la communauté ayant une et une seule tâche -simple,
de préférence. De cette façon, chaque robot
peut être fabriqué à un coût minime;
et d'autres robots peuvent -toujours en théorie- les fabriquer
et les améliorer.
Les "foumis-robots" de Suisse se déplacent
sur roues, apparemment au hasard, au centre d'une arène.
Ils sont programmés pour chercher de la nourriture, si
le niveau d'énergie de la "colonie" descend
en-dessous d'un certain seuil. S'ils trouvent cette nourriture,
ils la ramènent au "nid", où ils peuvent
également recharger leurs batteries. Et ils peuvent communiquer
entre eux, échangeant de l'information utile à
cueillir la nourriture.
De cette façon, en groupe, ces robots peuvent dépenser
plus d'énergie et plus efficacement que s'ils étaient
seuls, puisqu'une partie d'entre eux peut se charger d'aller
chercher le ravitaillement, pendant que l'autre se consacre à
d'autres tâches (explorer un volcan, par exemple, ou un
champ de mines).
Evidemment, tout cela est plus facile à dire qu'à
faire. Il a fallu 300 à 600 "générations"
au système informatique de Lipson et Pollack pour arriver
au robot que les télés ont montré la semaine
dernière, faisant laborieusement un pas après l'autre
au moyen de ses tubes rigides qui s'étirent ou se contractent.
Pendant toutes ces "générations", la
machine, et seulement elle, a testé, par simulations informatiques
interposées, un rejeton après l'autre, sélectionnant
au fur et à mesure les tubes, pistons et autres jointures
les plus efficaces. Ce processus aurait même permis, affirment
les chercheurs, d'arriver
à des solutions auxquelles les ingénieurs n'auraient
pas pensé. Un humain n'est intervenu qu'à la
toute fin du processus, pour mettre le moteur dans la "créature",
et le brancher.
Mais une fois "l'évolution" mise sur la bonne
voie, rien n'empêche d'imaginer qu'en vertu du même
principe qui a donné naissance au premier rejeton, la
"maman" puisse en fabriquer d'autres, plus perfectionnés,
en se basant sur les erreurs des versions précédentes.
Rien n'empêche non plus d'imaginer qu'une colonie choisira
de fabriquer davantage d'exploratrices, le jour où ses
chasseures auront ramené suffisamment d'énergie
au nid. Bref, rien n'empêche d'imaginer que les robots
se mettront à évoluer par eux-mêmes : c'est
exactement là le but ultime de ces deux expériences.
Et qui sait à quoi ressemblera un jour la mythologie
de ces robots: "et le premier jour, Il créa..."...?
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