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Le code de l'épidémie
Le décodage du génome humain n'accouchera
peut-être d'applications pratiques que dans 10 ou 20 ans.
Mais le décodage de cette bestiole-ci pourrait, lui, avoir
des retombées beaucoup plus immédiates.
La génétique vous
inquiète? Vous enthousiasme?
Discutez-en dans le forum Science-Presse/Médito
On ne se douterait pas, dans les pays riches et opulents,
que le choléra fait encore autant de ravages. Pourtant,
cette maladie infectueuse dont l'histoire parle depuis au moins
2500 ans, a fait pas moins de 10 000 victimes dans le monde au
cours de la seule année 1998. C'est l'une des maladies
mortelles les plus rapides, capable de tuer en quelques heures
seulement. Elle frappe surtout dans les pays du Sud, et tout
particulièrement là où la qualité
de l'eau laisse à désirer.
Le choléra, c'est d'abord une bactérie, appelée
Vibrio cholerae. Elle colonise la surface du petit intestin,
et sécrète une toxine, qui stimule la production
d'eau par les cellules, entraînant de sévères
diarrhées et des vomissements. Au contraire d'autres bactéries
du même type, celle-là peut survivre dans les rivières,
les lacs -ou au fond des puits- pendant de longues périodes,
et c'est ce qui peut donner naissance à de soudaines explosions
de la maladie. La septième pandémie de choléra
à sévir depuis le début du XIXe siècle
remonterait à 1971 selon certains experts, ou serait en
cours depuis 1960 selon d'autres, ayant atteint l'an dernier
Madagascar. Dans tous les cas, la maladie peut frapper aussi
bien au Pérou qu'en Russie. Les antibiotiques ont peu
d'effet sur elle, et la découverte d'organismes semblant
posséder une immunité naturelle au choléra
n'a pas conduit à la découverte d'un médicament,
comme on l'espérait. Seule l'absorption abondante d'eau
et de sels minéraux finit par en venir à bout.
C'est
à Londres, en 1854, que le médecin John Snow
a retracé l'origine d'une épidémie de choléra
dans une pompe à eau de Broad Street. La pompe scellée,
la maladie a cessé de se répandre, prouvant pour
la première fois que le choléra était causé
par un agent infectueux. Il faudra attendre 1883 avant que le
médecin et bactériologiste allemand Robert Koch
identifie Vibrio cholerae comme étant l'agent en
question. On dira un jour, dans les livres d'histoire, qu'il
aura fallu attendre l'an 2000 avant que cette bactérie
ne soit décodée gène par gène.
Ce décodage ouvre
pour la première fois depuis longtemps la porte à
un traitement. Parce que, expliquent dans Nature Claire
M. Fraser et ses collègues de l'Institut pour la recherche
génomique (Maryland), identifier les gènes responsables
de la survie et de la reproduction de la bactérie pourrait
nous indiquer comment synthétiser des médicaments
capables de prévenir l'infection. Dans tous les cas, c'est
une toute nouvelle voie que prendra désormais la lutte
contre cet ennemi millénaire : on vient de passer, écrit
Matthew Waldor, qui commente cette découverte dans Nature,
dans
" l'ère post-génomique " de l'étude
du choléra.
Son bagage génétique se compose de deux chromosomes
circulaires, ce qui est inhabituel, rappellent les chercheurs,
contenant quelque 4 millions de paires de base. Cette composition
pourrait fournir la clef de la résistance de la bactérie
entre deux épidémies. Les chercheurs se demandent
si le plus petit des deux chromosomes n'aurait pas appartenu,
à l'origine, à un organisme distinct.
Mais certains s'empressent de modérer l'enthousiasme
des auteurs. Certes, le décodage est un grand pas en avant,
mais
il ne faut pas rêver en couleurs. La mise au point
d'un vaccin contre le choléra, déclare dans Libération
Jean-Michel Fournier, de l'Institut Pasteur, nécessitera
encore beaucoup de travail, et repose " sur des progrès
encore à faire en immunologie (les mécanismes de
défense de l'organisme) et en biochimie avec la purification
et la synthèse de molécules vaccinales. "
Avec ce génome, on compte maintenant une vingtaine
de micro-organismes ainsi décodés.
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