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La clef de l'Univers
La grande nouvelle de la semaine, c'est la découverte
d'une particule invisible, inoffensive, inutile, et qui ne pèse rien.
Ou plutôt, presque rien. Car les neutrinos, a-t-on appris cette
semaine, ont bel et bien une masse. Cette particule dont l'existence avait
fait l'objet d'hypothèses dans les années 30, qui avait été
pour la première fois détectée en 1956, qui peut traverser
la Terre d'un bord à l'autre -ou un être humain- sans que quiconque
ne la remarque, cette particule dont il existe 50 milliards d'exemplaires
pour chaque électron (!), a nécessité 120 chercheurs
appartenant à 23 institutions au Japon et aux Etats-Unis, et un laboratoire,
le Super-Kamiokande, installé dans une mine japonaise à 2000
mètres sous la montagne, juste pour en arriver à cette conclusion
banale, ridiculeusement banale: oui, un neutrino pèse quelque chose.
Il n'est pas comme un rayon de lumière. Il a une masse: à
peu près le poids d'un dix-millionnième d'un électron.
"Ca n'a pas l'air de grand-chose", admet candidement le Washington
Post, en
consacrant pourtant sa Une à cette annonce. Car ce "pas
grand-chose" permet de faire un pas de géant vers la solution
d'un des mystères de la Création: peut-être que l'Univers
n'est pas éternel. Peut-être que si on additionne les masses
de tous ces neutrinos, et ça fait beaucoup, on arrive à un
total en vertu duquel l'Univers atteindra un jour une dimension maximale,
avant de se contracter sur lui-même, à cause de sa trop grande
masse. Et ça sera la faute aux neutrinos.
"En effet, la masse globale des neutrinos pourrait facilement être
comparable à celle de toutes les étoiles et galaxies",
évalue -au pif- le physicien Joel R. Primack, de l'Université
de Californie.
C'est quoi, ce truc?
Plus spécifiquement, c'est quoi, un neutrino? Voilà une question
pas facile, et les nombreux articles parus depuis l'annonce du 5 juin, faite
dans le cadre d'un congrès international sur les neutrinos tenu au
Japon, n'apportent pas de réponse satisfaisante. "Les neutrinos
sont parmi les particules les plus étranges de l'Univers", commence
un reportage de la BBC, ce qui est bien joli, mais ne nous avance pas
beaucoup.
On sait que beaucoup de neutrinos proviennent du Soleil. En fait, ils
proviennent de là
où se produit de la fusion nucléaire: le coeur d'une étoile...
ou d'un réacteur nucléaire. Des milliards passent au travers
de votre corps alors même que vous lisez cet article. Ils n'interagissent
pas, ou si peu, avec la matière. Un neutrino pourrait en théorie
parcourir des millions de kilomètres à l'intérieur
d'une surface solide avant d'être arrêté. Mais parfois,
il s'arrête: c'est pourquoi le laboratoire japonais -tout comme le
laboratoire canadien, à Sudbury, dont le lancement a eu lieu il y
a quelques semaines- est allé s'enfermer à 2000 mètres
de profondeur, avec une piscine contenant 50 000 tonnes d'eau lourde. Parmi
les milliards de neutrinos qui sont passés au-travers, il s'en est
trouvé quelques-uns -quatre ou cinq par jour- qui sont entrés
en collision avec le "filet", produisant un flash de lumière
détectable par les 11 000 instruments installés tout autour
de la piscine. Et au bout de deux ans de ce travail, on en est arrivé
aux résultats annoncés le 5 juin.
Pour qu'elle soit acceptée comme un fait scientifique, il lui
faudra toutefois être confirmée par un autre laboratoire, et
c'est justement là que pourrait intervenir l'Observatoire des neutrinos
de Sudbury, mentionne
le réseau CNN.
Et comment sait-on que cette particule a une masse? De toute évidence,
on ne l'a pas placée sur une balance. Non, on sait qu'elle a une
masse parce qu'on sait maintenant qu'elle oscille. Le terme oscillation
étant ici un terme de physicien quantique, qui signifie que le neutrino
change d'état d'un moment à l'autre, à mesure qu'il
voyage à travers l'espace ou la matière. Et ce changement
d'état ne peut s'expliquer que s'il a une masse -en fait, sa masse
elle-même change à mesure qu'il change d'état.
Si, arrivé à ce stade, vous êtes perdu, ne vous en
faites pas: vous venez d'entrer dans le mystérieux monde des particules
subatomiques, où les règles de votre univers n'ont plus cours.
Mais c'est justement ce monde subatomique qui détient les clefs pour
comprendre les origines -et, peut-être, l'avenir- de votre monde.
Le Super-Kamiokande
Observatoire des neutrinos de
Sudbury |