En manchettes la semaine dernière:
Une usine à organes
A lire également cette semaine:
Se cultiver pour combattre l'Alzheimer
Le gène de la
mère détenu par le père
Le bébé
de l'an 2000
Le bateau spatial prend l'eau
Deep Space 1 impressionne
Et plus encore...
Archives des manchettes

LE KIOSQUE
Pour être branché sur la science
Notre nouvelle section:
Capsules québécoises
Qui sommes-nous?

Retour à
la page d'accueil

En manchettes sur le Net est
une production Agence Science-Presse
 |
Ces inévitables aliments transgéniques
Il y a peut-être des paniques injustifiées autour des
aliments transgéniques, voire de l'hystérie: en tout cas,
c'est ce que les scientifiques nous répètent depuis des mois.
Mais une chose est sûre: les scientifiques eux-mêmes s'entendent
de plus en plus sur le fait qu'il faudrait davantage d'études avant
d'oser aller plus loin.
Nul ne songe sérieusement à réclamer une interdiction
des manipulations génétiques ou même à bannir
à jamais les aliments transgéniques -autrement dit, des fruits
ou des légumes auxquels on a introduit un gène étranger
pour, par exemple, les rendre plus résistants aux insectes ou aux
maladies.
En revanche, si on ne parle pas d'interdire, ils
sont de plus en plus nombreux à parler de "contenir".
Contenir, cela signifie faire en sorte que les gènes étrangers
contenus par exemple dans un champ de maïs n'aillent pas s'échapper
dans le champ voisin. Deux chercheurs britanniques rapportent dans Nature
Biotechnology le fruit de leurs expériences: ils ont fait "s'évader"
quelques-uns de ces gènes étrangers d'un plant d'oléagineux
vers son cousin "normal". Résultat? Pas grand-chose. "La
possibilité d'une évasion transgénique", résume
Nature (évasion transgénique: une nouvelle expression à
ajouter au vocabulaire?) "est négligeable, mais néanmoins
réelle, et devrait en conséquence requérir une attention
soutenue."
Pas de quoi rassurer le lobby "anti-transgénique", particulièrement
sollicité en Grande-Bretagne depuis qu'un chercheur a prétendu
avoir observé des dégâts chez des souris nourries aux
pommes de terre transgéniques (manchette
du 15 février). "La vérité est que, peu importent
les mesures de sécurité qui sont mises en place, le lobby
anti-transgénique ne sera jamais apaisé", commentent
Dean Chamberlain et Neal Stewart, de l'Université de Caroline du
Nord, dans un commentaire accompagnant l'étude.
Les deux auteurs de cette étude, Susan E. Scott et Mike J. Wilkinson,
de l'Université de Reading, ont imaginé plusieurs scénarios
-certains "ingénieux", de l'avis de Nature- pour
des manipulations génétiques, scénarios qui réduiraient
au minimum ces risques "d'évasion". Mais aucun, on s'en
doute un peu, ne permet de réduire ces risques à zéro.
Qui plus est, plus le scénario réduit les risques, et plus
il est difficile et coûteux -du moins, dans l'état actuel de
la technologie.
Et même si une telle évasion se produisait, si une plante
"normale" était ensemencée par une plante transgénique,
les résultats n'en seraient pas nécessairement négatifs:
la résistance aux maladies de la transgénique serait passée
à l'autre plante, ce qui ne serait pas nécessairement une
mauvaise chose. C'est cette question que les futures recherches devraient
tenter de résoudre, concluent Scott et Wilkinson.
Un test de dépistage?Pendant que ces experts débattent
entre eux, des débats plus publics se poursuivent: et c'est également
de Grande-Bretagne que nous parvient la nouvelle de la mise
au point du premier "test de dépistage d'ingrédients
transgéniques dans la nourriture" -c'est vraiment comme
ça que ça s'appelle.
La découverte pourrait donner du poids à ceux qui réclament
un étiquetage des aliments transgéniques -et affaiblir ceux
qui disaient jusqu'à récemment que la chose était impossible.
Londres vient justement de passer une loi imposant l'étiquetage,
dans la foulée du débat violent qui a secoué ce pays.
Débat qui a eu une autre retombée: le gouvernement britannique,
encore lui, a annoncé qu'il faisait
maison nette au sein de son comité de consultation sur les aliments
transgéniques. Il faut dire qu'il n'a pas toujours été
de bon conseil, n'ayant vu venir ni la crise récente, ni la virulence
des adversaires et n'ayant apparemment pas prévu que le gouvernement
de Sa Majesté serait obligé de reculer et d'imposer un moratoire
de trois ans sur la recherche scientifique dans ce domaine... |