En manchettes la semaine dernière:
Savez-vous planter des choux... transgéniques?
A lire également cette semaine:
La vie sexuelle des gènes
Encore une histoire de
sexe
Vivez heureux, vivez
stressés
Mir une fois, deux fois, trois
fois...
A l'écoute d'E.T.
Et plus encore...
Archives des manchettes

LE KIOSQUE
Pour être branché sur la science
Notre nouvelle section:
Capsules québécoises
Qui sommes-nous?

Retour à
la page d'accueil

En manchettes sur le Net est
une production Agence Science-Presse
 |
Panique transgénique
Les aliments transgéniques -ces aliments
génétiquement modifiés- sont-ils là pour rester?
En tout cas, voilà qu'en Grande-Bretagne, jamais on n'a été
aussi près de les voir interdits. Une controverse qui risque de faire
des petits.
Un pauvre chercheur ostracisé par l'establishment; une vilaine
multinationale qui tente d'enterrer une recherche; un gouvernement sur la
sellette... Tous les ingrédients d'un bon roman sont là.
Depuis la semaine dernière, les groupes écologistes britanniques
et les associations de protection du consommateur sont sur les dents: ils
réclament
rien de moins qu'un moratoire sur toute recherche entourant les aliments
transgéniques et en attendant, exigent que ces aliments soient
immédiatement retirés des supermarchés. Les risques
pour la santé sont trop grands, proclament-ils en s'appuyant sur
de "nouvelles études".
Les supermarchés ont réitéré en fin de semaine
leur intention de continuer à vendre ces produits, affirmant pour
leur part que toutes les mesures pour garantir la sécurité
du consommateur ont été prises depuis longtemps, et que cette
"panique" soudaine est sans fondements.
Le point de départ de cette controverse se situe en août
1998, avec une déclaration à la télévision britannique
du Dr Arpad Pusztai, 68 ans. Interrogé par l'animateur de l'émission
World in Action, il affirme qu'une étude sur des rats, nourris pendant
10 jours de pommes de terre transgéniques, étude qu'il vient
de compléter sous l'égide de l'Institut de recherche Rowett
à Aberdeen (Ecosse), aurait permis de constater un affaiblissement
du système immunitaire chez certains de ces animaux, ainsi qu'un
mauvais développement du rein, de la rate et du cerveau.
Moins de 48 heures plus tard, le Dr Pusztai était suspendu par
l'Institut, puis mis à la porte. Le Dr Pusztai, fut-il expliqué,
avait mal interprété ses résultats et agi de façon
irresponsable en exprimant ainsi son opinion sur la place publique. Qui
plus est, il n'en était pas à sa première incartade:
il avait déjà été accusé de fraude scientifique,
et sa crédibilité était plus que chancelante.
Jusqu'à la semaine dernière: le 12 février, un groupe
de 21 experts internationaux déposait en Grande-Bretagne un
rapport appuyant les conclusions du Dr Pusztai. Les appels des écologistes
et des groupes de consommateurs à un moratoire, appels qui n'avaient
jamais vraiment cessé, étaient dès lors mis sur orbite.
"Nous avons découvert que ses données tenaient la route",
déclara à la BBC Vyvyan Howard, toxipathologiste à
l'Université de Liverpool. "Je pense que le Dr Puztai avait
raison." Il faudra appliquer à cette industrie les mêmes
normes que nous appliquons à l'industrie pharmaceutique, ajoutaient
ses collègues.
Dimanche, le Daily Mail enfonçait un clou de plus, en dévoilant
que l'Institut Rowett avait reçu une subvention de 140 000 livres
(près de 300 000$ US) de la compagnie Monsanto, un des chefs de file
de l'industrie britannique (et mondiale) des aliments transgéniques.
Monsanto était accusée
par le quotidien d'avoir fait pression pour que le Dr Pusztai soit suspendu.
Sans suprise, dimanche soir, la BBC révélait que dans le
cadre d'un sondage non-scientifique mené au cours de la fin de semaine,
10 392 personnes avaient appelé pour dire qu'ils ne mangeraient jamais
de pommes de terre transgéniques -contre 280 qui accepteraient d'en
manger.
Le
gouvernement britannique déclarait dès vendredi qu'il était
hors de question d'imposer pareil moratoire sur la recherche scientifique.
Avant d'en arriver là, insistait le premier ministre travailliste
Tony Blair, il faudrait s'assurer d'avoir des preuves scientifiques incontestables.
La priorité devrait plutôt aller à l'imposition -réclamée
depuis longtemps- d'un étiquetage des aliments transgéniques
en vente dans les supermarchés. Les découvertes du Dr Pusztai,
ajoutait le ministre de l'Agriculture, le Dr Jack Cunningham, sont de toutes
façons très contestées.
Lundi matin, le
sujet était encore à l'ordre du jour du premier ministre,
talonné par l'Opposition qui l'accusait d'être à
la solde des multinationales de la biotechnologie. Son attaché
de presse se disait convaincu que le premier ministre "mange de la
nourriture contenant des ingrédients modifiés génétiquement
et qu'il n'a aucune inquiétude quant aux effets sur sa santé".
Sauf qu'entretemps, le débat ne s'était guère clarifié:
on apprenait dimanche que les fameux 21 experts internationaux n'étaient
pas si objectifs qu'ils en avait l'air: leur avis avait été
commandé par l'organisation écologique Les Amis de la Terre!
Quant au gouvernement, dévoilait le Daily Telegraph, il avait tenté
de faire publier en fin de semaine, dans les journaux, un article écrit
soi-disant "spontanément" par un expert en alimentation,
mais en réalité commandé à cet expert par les
relationnnistes du Parti travailliste.
"Les
intérêts politiques et commerciaux obscurcissent la recherche
de vérité", lançait le Telegraph. Un euphémisme.
Reportage de la BBC (12 février): avons-nous
besoin d'aliments transgéniques
Depuis deux ans, l'Agence Science-Presse vous a souvent parlé
de manipulations génétiques sous un angle social ou économique.
Entre autres:
Savez-vous planter des choux... transgéniques?
(8 février 1999)
Humains en éprouvettes: gros sous et
gros obstacles
(16 novembre 1998)
Le clone et l'argent du clone
(3 août 1998)
Le jour de paye des biotechnologies
(20 juillet 1998) |