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L'impuissance mène au Nobel
Qui aurait cru que le Viagra, qui faisait tant
rigoler le printemps dernier, serait au centre de la cérémonie
de remise du Prix Nobel de médecine 1998?
Les trois scientifiques américains qui ont appris, ce lundi 12
octobre 1998, qu'on venait tout juste, à Stockholm, de leur décerner
conjointement le prix Nobel de médecine, sont en effet ceux à
qui la compagnie Pfizer peut dire merci pour sa célèbre petite
pilule bleue qui, en quelques mois, a changé la face de la sexualité.
Robert Furchgott, 82 ans, Louis Ignarro, 57 ans et Ferid Murad, 62 ans,
trois pharmacologues, ont découvert, au cours des années 80,
que le monoxyde d'azote joue un rôle fondamental dans le système
cardio-vasculaire. Il serait l'agent
qui détermine rien de moins que la répartition du sang vers
les organes.
Certains s'en souviendront peut-être: le
printemps dernier, on avait écrit, non sans un brin d'étonnement,
que le Viagra avait été découvert pour ainsi dire par
accident. Pfizer testait alors sur des rongeurs un médicament contre
les maladies cardiaques, suivant ainsi -comme beaucoup d'autres compagnies
pharmaceutiques- la piste ouverte par les trois pharmacologues. Car si le
monoxyde d'azote peut contribuer à mieux répartir le sang
là où vous savez, il peut aussi, cela va sans dire, mieux
le répartir ailleurs, contribuant
ainsi à prévenir des maladies cardiaques, et même des
infections.
C'est cette piste-là, d'abord et avant tout, qu'ont
ouvert les trois pharmacologues américains en 1986, une piste
qui pourrait s'avérer déterminante pour la médecine,
et ce dans les années, voire les décennies, à venir.
Elle a d'ores et déjà ouvert la porte à des recherches
sur une toute nouvelle génération de médicaments pour
traiter une panoplie de problèmes du système cardio-vasculaire,
de l'artériosclérose à l'angine.
Dans son communiqué, l'Institut Karolinska de Suède, qui
décerne les Prix Nobel, souligne la sensation qu'avait créé
cette découverte: l'idée qu'un gaz connu et méprisé
en tant que polluant puisse jouer un rôle aussi important dans notre
organisme reste, aujourd'hui encore, difficile à avaler.
Les chercheurs ont par exemple démontré que les globules
blancs utilisent les molécules de monoxyde de carbone pour tuer les
infections et même, s'attaquer aux tumeurs. Les chercheurs croient
également que le gaz joue un rôle important dans le développement
de notre odorat et de notre mémoire.
Il est rare que les gagnants du Prix Nobel de médecine -d'une
valeur de 978 000$- soient connus à l'extérieur de la communauté
médicale, et les trois lauréats de cette année ne font
pas exception. Mais ce n'est pas la première fois qu'une découverte
a eu le temps d'avoir un impact sur la société ou les traitements
médicaux, avant de mériter à ses auteurs la prestigieuse
récompense.
Rejoint en matinée à sa résidence de Long Island
par l'Associated Press, le doyen des trois découvreurs, Robert Furchgott,
s'est dit très heureux. "Je n'étais pas certain de recevoir
un jour un prix comme celui-là. Je n'étais pas sûr que
je le méritais." Il a ajouté qu'il avait prévu,
ce lundi, aller chez le dentiste et jouer au golf, mais "je suppose
que tout est changé, maintenant. Je vais répondre à
des appels toute la journée... J'aimerais juste pouvoir terminer
mon déjeuner. J'essaie de manger depuis 30 minutes." |