En manchette cette semaine:
L'impuissance mène au
Nobel
Archives des capsules

LE KIOSQUE
Pour être branché sur la science
Notre nouvelle section:
Capsules québécoises
Qui sommes-nous?

Retour à
la page d'accueil

Publicité
La science d'ici et d'ailleurs est une production Agence
Science-Presse
|
Décrocher la Lune
Hier, c'était un monde grisâtre et poussiéreux qui
n'intéressait qu'une poignée de scientifiques. Aujourd'hui,
tout le monde rêve d'avoir son morceau de la Lune. Et certains sont
prêts à y mettre le prix fort.
Hilton International dresse des plans pour construire un hôtel
Lunar Hilton, qui compterait 5000 chambres. Une compagnie appelée
Applied Space Resources projette d'aller sur notre satellite pour en ramener
des roches qu'elle revendrait à prix d'or. Une autre, LunaCorp, prépare
une jeep lunaire. Une Société Artemis, créée
par un ingénieur travaillant à l'occasion pour la Nasa, recherche
des commanditaires pour lancer "la première expédition
du secteur privé" vers la Lune, qui serait le prélude
à une exploitation minière de l'astre des nuits. Une compagnie
japonaise, Shimizu Corporation, parle d'y construire un terrain de golf.
Une compatriote rêve d'une "exploitation agricole" pouvant
nourrir 10 000 personnes. Jusqu'à
des agences de voyage, raconte le Daily Telegraph, qui veulent décrocher
la Lune.
La Nasa n'a dans ses cartons aucun projet sérieux pour un retour
sur la Lune? Peu importe! Des centaines d'individus et de compagnies dressent
fébrilement des plans pour y aller eux-mêmes, depuis
que la sonde américaine Lunar Prospector a confirmé, l'hiver
dernier, qu'il y avait là-haut de la glace en quantité
suffisante pour alléger considérablement les coûts d'installation
d'une communauté d'hommes et de femmes. Ces projets ont généralement
un point en commun: ils décrivent des installations qui seraient
auto-suffisantes, autrement dit qui n'auraient pas à s'appuyer sur
d'onéreux ravitaillements (20 000$ du kilo!) venus chaque semaine
de la Terre. Ce qui démontre que tous ces gens ne sont pas que de
doux rêveurs: ils ont fait leurs classes.
Mais leurs projets sont-ils pour autant réalistes? Il y a beaucoup
de choses qui sont discrètement mises de côté, soulignent
certains experts: comment réagirait le corps humain à de très
longs séjours sur la Lune, où il ne pèserait plus que
le sixième de son poids; quel type de technologie nous permettrait
d'extraire hydrogène et oxygène du sol lunaire (sans quoi
il n'y aurait aucune résidence permanente là-haut, en raison,
encore une fois, des coûts de transport Terre-Lune); et sur le plan
politique, comment serait contourné le traité international
de 1967 qui interdit l'exploitation de l'espace et des planètes,
incluant la Lune, au bénéfice d'une seule nation... encore
moins d'une seule compagnie!
Avant d'en arriver là, il y a toutefois plusieurs étapes
à franchir, mais la première vient de l'être: le gouvernement
américain a adopté la semaine dernière une loi autorisant
les compagnies privées à lancer dans l'espace des vaisseaux
réutilisables -c'est-à-dire capables de revenir sur Terre
en vue d'un nouveau lancement.
Les "autres" Nobel
(ASP) - Comme chaque année, en même temps qu'à Stockholm
sont annoncés les Prix Nobel, le magazine scientifique Annals
of Improbable Research tient sa propre cérémonie -celle
des prix qu'aucun scientifique ne souhaite recevoir. Les Ig Nobel -Ig pour
ignoble- récompensent l'aspect "farfelu" de la science
-quoique quelques-uns n'apprécient pas tout à fait l'idée
que leur travail soit étiqueté "farfelu".
Dix
prix ont été décernés dans le cadre d'une soirée
haute en humour, à laquelle assistaient pas moins de 1200 personnes.
Deux des gagnants étaient même sur place pour aller chercher
leur prix, ce qui témoigne d'un solide sens de l'humour, ou de l'inconscience
-choisissez.
Parmi ces gagnants: Deepak Chopra, guérisseur quantique; Richard
Seed, l'homme qui a annoncé en début
d'année son intention de se cloner lui-même; et les premiers
ministres de l'Inde et du Pakistan, ex-aequo, pour leurs charmantes bombes
atomiques. Le Ig Nobel de l'enseignement des sciences est allé à
Dolores Krieger, de l'Université de New York, qui a affirmé
avoir démontré l'efficacité du toucher thérapeutique.
Son prix a été accepté par Emily Rosa, 11 ans, qui
a démontré plus tôt cette année... l'inefficacité
du toucher thérapeutique.
Brillant également par son absence, le Français Jacques
Benveniste, devenu le premier homme à décrocher... un deuxième
Ig Nobel. Benveniste avait obtenu son premier en 1991, le Ig Nobel de chimie,
pour sa théorie sur la "mémoire de l'eau", élaborée
pour appuyer l'homéopathie. Cette année, c'est encore au Ig
Nobel de chimie qu'il a eu droit, pour son étude suivant laquelle
non seulement l'eau a-t-elle de la mémoire, mais en plus, cette mémoire
peut être encodée et transmise par lignes téléphoniques.
Ou par Internet. Ne riez pas, dans la salle.
C'est un coup publicitaire, mais on s'en fout
(ASP) - Oui, John Glenn est, à 77 ans, un truc de relations publiques.
Mais c'est pas grave, déclarent les Américains, selon
un sondage du réseau de télé ABC.
L'ex-sénateur de l'Ohio, premier américain dans l'espace
en 1962, recyclé en politique depuis, et qui doit retourner dans
l'espace à bord de la navette spatiale à la fin du mois, ne
trompe pas ses concitoyens: ils sont majoritairement conscients que son
envoi "là-haut" n'a pas vraiment pour but de mener des
expériences scientifiques sur le vieillissement -si, si, c'est vraiment
la raison officielle, dixit la Nasa. Mais peu importe: près de six
Américains sur 10 disent que c'est une bonne chose pour Glenn. La
proportion est évidemment plus élevée parmi ceux qui
croient en l'explication de la Nasa (ils représentent tout de même
un honorable 30%!).
Frankenstein, morceau par morceau
(ASP) - Une équipe internationale de médecins a réussi
une première dont nous parlions il y a deux
semaines: transplanter une main. Prochaine étape: un visage?
La nouvelle était morbide, et pourtant, fascinante: des médecins
français et australiens ont greffé, dans un hôpital
de Lyon, la main d'un homme mort à un Australien nommé Clint
Hallam, qui avait perdu la sienne lors d'un accident de travail, 19 ans
plus tôt. Un exploit médical, à n'en pas douter. Mais
pourquoi s'arrêter là? Après
la greffe d'une main, pourquoi pas en effet celle d'un visage, demande
le New Scientist? Ca n'a rien de farfelu, il y a d'ores et déjà
une demande, explique John Barker, chirurgien plastique à l'Université
de Louisville, au Kentucky. Des gens défigurés dans un incendie,
ou des suites d'une infection, d'un coup de feu ou d'une attaque par un
chien deviendront un jour les plus grands demandeurs de transplantations,
affirme-t-il. A l'heure actuelle, les chirurgiens reconstruisent des visages
par petits morceaux, en prenant des parcelles de peau et de muscles ailleurs
sur le corps. Mais il serait possible d'obtenir un "résultat
plus esthétique" en transplantant tout, peau du visage, muscles,
nerfs et lèvres, pris sur un donneur décédé.
En attendant, l'Université de Louisville prévoit, dans
l'année qui vient, marcher sur les traces de Lyon et effectuer "au
moins dix" greffes de mains. Un tâche déjà pas
évidente, considérant le nombre de muscles, nerfs et os à
"attacher". Pour l'instant, Clint Hallam continue d'être
suivi jour et nuit, avec la crainte d'un rejet par son organisme. Mais aux
dernières nouvelles, l'homme et "sa" main se portaient
bien.
Mars au Pôle Nord, suite
(ASP) - La revue Science consacre cette semaine un
reportage à quelque chose dont l'Agence Science-Presse vous parlait
il y a six mois: étudier Mars au Pôle Nord. Une expédition
financée en partie par la Nasa s'est en effet rendu l'été
dernier dans le Grand Nord canadien, sur l'île Devon plus précisément,
afin d'étudier de près le cratère Haughton, qui présente
deux caractéristiques intéressantes pour la Nasa: en premier
lieu, l'impact d'un caillou tombé du ciel il y a 23 millions d'années;
et surtout, un environnement qui se rapproche autant de l'environnement
martien qu'il est possible de l'être: sec, aride, et très froid.
Des groupes de pression comme la Mars Society se réjouissent de cette
expédition et espèrent qu'elle en générera d'autres,
meilleure façon à leurs yeux de préparer le terrain
à de "vraies" missions vers Mars.
Les dissidents ne sont plus à la mode
(ASP) - Il fut un temps où la communauté scientifique se
souciait beaucoup des dissidents. Mais les choses ont changé depuis
la fin de la guerre froide, constate Science cette semaine. Les droits humains
ne sont plus à la mode, et ceux qui, parmi les scientifiques des
pays du Tiers-Monde, osent encore parler haut et fort pour leurs droits,
se sentent abandonnés par leurs pairs des pays riches.
Vous aimez ces capsules? L'Agence Science-Presse en produit des semblables
-et des meilleures!- chaque semaine dans Hebdo-science
et technologie. Vous voulez vous abonner à Hebdo-Science? Contactez-nous!
|