Semaine du 14 décembre 98

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Nu comme un ver


Il arrive juste à temps pour figurer dans la liste des découvertes de l'année: le ver le plus banal des laboratoires devient d'un seul coup l'animal le plus célèbre de la Création -et il obtient sa place dans les manuels d'histoire.

 

Il n'y a pas que le programme génome humain qui mobilise des efforts internationaux. Un ver de moins d'un centimètre de long appelé le Caenorhabditis elegans était le fruit des efforts soutenus, depuis huit ans, d'une coalition internationale de généticiens et autres biologistes -coalition appelée, rien de moins, le C. elegans Sequencing Consortium. Et tout cela dans le but de décoder le bagage génétique complet, gène par gène, de cette bestiole.

Pour les amateurs de chiffres: 97 millions de paires de base et 18 600 gènes -contre 100 000 chez nous. Plus de 40% des protéines identifiées là-dedans ont leur équivalent chez d'autres être vivants -y compris nous. L'événement se mérite la Une de la revue Science, et rien de moins que quatre articles. "Une nouvelle ère pour la biologie", proclament les découvreurs: le premier "plan" détaillé d'un être vivant plus complexe qu'une bactérie.

"Nous avons maintenant tous les morceaux du puzzle nécessaire pour faire un ver", a déclaré en conférence de presse le biologiste américain Robert Waterston. "A présent, il ne nous reste qu'à comprendre comment ça fonctionne..."

Ceux qui suivent nos actualités se rappelleront peut-être que nous avions signalé, l'an dernier, le décodage complet d'une autre bestiole: la levure de bière -oui, c'est un micro-organisme qui produit ça, et non pas votre brasseur préféré. Son petit nom -celui de la levure, pas celui du brasseur-est Saccharomyces cerevisiae. D'autres annonces similaires avaient suivi. Mais il s'agissait chaque fois de microbes. Cette fois, on a affaire à un véritable animal, comme vous et moi.

Et c'est là que ça devient intéressant pour le commun des mortels: parce que ce décodage pave la voie à celui de nos propres gènes, qui se poursuit en ce moment même. Les méthodes utilisées pour le ver serviront pour l'homme; le succès, évalue Science, aidera à convaincre les organismes subventionnaires de la faisabilité de ces projets à grande échelle -et surtout, à long terme, un détail que n'apprécient pas toujours les dits organismes subventionnaires.

Et surtout, une bonne partie du contenu de cet animal nous concerne. Certes, il est très loin de nous dans l'arbre généalogique: on estime que "l'ancêtre commun" aurait vécu il y a au moins 600 millions d'années, et peut-être même plus d'un milliard d'années. Mais malgré cela, ce ver C. elegans vit une vie comportant beaucoup points communs avec la nôtre: manger, digérer, se reproduire, respirer, contraction des muscles, réactions à la peur... Les biologistes aimeraient bien savoir quand, dans l'histoire de la vie, ces fonctions sont apparues. D'autant plus que, chez le ver comme chez nous, les gènes qui contrôlent ces fonctions ont de bonnes chances d'être les mêmes.

Ce qui n'était pas du tout évident dans les années 60, quand les biologistes ont commencé à s'intéresser à lui: après tout, ce ver n'est composé, d'un bout à l'autre, que de 959 cellules, ce qui n'est vraiment pas grand-chose...

La paternité de l'exploit revient à deux équipes, l'une américaine, à l'Université Washington de Saint-Louis, l'autre britannique, au Centre Sanger. L'article principal de la revue Science détaille l'historique de cette recherche, qui est passé par bien des hauts et des bas, et a dû convaincre bien des collègues sceptiques: en 1989, affirmer son intention de "cartographier" 3% du génome du ver -la bagatelle de 3 millions de paires de base- apparaissait comme un exploit inatteignable, du moins à court terme. A cette époque, un énorme succès pour la génétique, c'était le décodage de... milliers de paires de base. Par ailleurs, plusieurs experts jugeaient inutile de dépenser des millions de dollars pour un projet dont on voyait mal les retombées concrètes...

Aujourd'hui, on a l'impression que ces attitudes sont vieilles d'un siècle, et pourtant...


 

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