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Vous êtes contre les OGM? D'accord, mais pourquoi?
Les écologistes ont mis sur la sellette les producteurs
d'aliments transgéniques ou OGM. Mais cette fois, c'est
à leur tour. Une question commence en effet à émerger
de ce débat: les écologistes savent-ils de quoi
ils parlent?
Plus tôt ce mois-ci, la National Academy of Sciences
(NAS) des Etats-Unis publiait un rapport fort attendu sur
le caractère sécuritaire -ou non- des organismes
modifiés génétiquement. Or, le rapport
n'était même pas encore rendu public que, déjà,
ses opposants le descendaient en flammes. Et ils ont fait plus
que de le descendre en flammes: ils n'ont pas ménagé
leurs efforts pour s'assurer que le rapport ne soit même
pas pris en considération par les médias.
Dans sa dernière édition, la revue britannique
Nature ouvre un reportage sur cette affaire avec une question
perfide: ces gens qui critiquent ont-ils choisi d'attaquer les
auteurs de cette étude parce qu'ils sont à
court d'arguments pour analyser le contenu de la dite étude?
Parce que les conclusions de la NAS sont désagréables
aux oreilles des écologistes : elle dit, en gros, que
davantage d'études sont nécessaires pour évaluer
correctement les risques des OGM sur la santé. Mais que
dans l'immédiat, rien ne permet de conclure qu'ils présentent
effectivement un risque.
Or, qu'ont retenu les écologistes? Uniquement la deuxième
partie. "Comment les académiciens, s'indigne le lobbyiste
Jeremy Rifkin à Libération, peuvent-ils
dire que c'est sans danger? Ce n'est pas une affirmation scientifique.
C'est ou un souhait, ou une devinette. Ce rapport est une absurdité."
Poursuivant sur sa lancée, le comité de la NAS
fait
une série de recommandations sur des actions que pourrait
prendre le gouvernement américain pour resserrer la réglementation
entourant les aliments transgéniques. L'Agence de protection
de l'environnement, par exemple, devrait reconsidérer
certaines exemptions accordées au fil des ans, et surveiller
de plus près ce qui se passe. Là encore, aucun
groupe écologiste n'a semblé avoir remarqué
ces recommandations, se contentant, par la bouche du directeur
du Centre pour la sécurité des aliments, Andrew
Kimbrell, de déclarer que les auteurs du rapport étaient
"payés" par l'industrie.
Ce qui n'est pas entièrement faux. Plusieurs membres
du comité ont effectué des recherches financées
par l'industrie.
Le problème, c'est que, dans toute industrie aussi
jeune que celle des biotechnologies, il est bien difficile à
une commission d'enquête de trouver des scientifiques experts
qui n'ont pas, à un moment ou l'autre de leur carrière,
effectué des recherches payées par la dite industrie.
Pour Bruce Alberts, président de la NAS, cette étude
est le premier pas d'un effort pour impliquer davantage les scientifiques
dans ce débat. Un débat à bord duquel, depuis
trois ans, ils ont cruellement évité d'embarquer.
Ce qui fut une erreur.
L'industrie des biotechnologies n'est pas mieux lotie, elle
qui a endossé le rapport avec presque autant de ferveur
que les écologistes l'ont rejeté: il faut dire
que c'est la première fois qu'un organisme de cette importance,
dans une enquête de cette importance, donne un appui, aussi
mitigé soit-il, aux organismes modifiés génétiquement
-qui, aux Êtats-Unis, représentent déjà
plus du tiers de la production de céréales.
Ce rapport " est schizophrène ", conclut
R. James Cook, botaniste à l'Université de l'Etat
de Washington. A l'image, sans doute, du "débat"
en cours depuis trois ans...
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