Semaine du 10 avril 2000

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Le génome n'est pas vraiment décodé


L
a compagnie Celera, qui a annoncé en grandes pompes la semaine dernière avoir complété le décodage du génome humain, n'aurait en fait complété que la moitié du travail. Pourquoi alors avoir fait cette annonce?

 

" Un classique de la manipulation boursière ", résume Libération dans son édition de samedi. De fait, alors que s'ouvre à Vancouver un congrès mondial sur le génome humain, les mauvaises langues sont nombreuses à dire que la compagnie Celera Genomics a fait cette annonce pour faire monter la valeur de ses actions en bourse -lesquelles avaient sérieusement diminué deux semaines plus tôt, à la suite d'une déclaration de Bill Clinton et Tony Blair sur le brevetage des gènes.

En d'autres termes, la cote du président de Celera, Craig Venter, qui n'était déjà pas très élevée parmi ses collègues -et adversaires- n'a pas, elle, remonté... "Son manque d'honnêteté intellectuelle est irritant", déclare à Libération Jean Weissenbach, qui dirige le Génoscope français, laboratoire participant au projet international Génome humain (HUGO).

Justement, le président de ce projet HUGO a lui aussi contesté, à l'ouverture du congrès de Vancouver, le 10 avril, l'annonce de Celera. Selon le Dr Francis Collins, cette compagnie n'aurait même pas complété la moitié de son travail de décodage du bagage génétique. Plus diplomate, il n'a pas fait allusion aux actions de la compagnie, qui ont bondi de 25% à Wall Street après l'annonce. Mais il a clairement dit que "vous ne devriez pas prendre comme argent comptant toute affirmation de quelque groupe que ce soit, pendant au moins deux ans encore, affirmant que 'nous avons achevé le séquençage du génome humain'. Ce ne sera tout simplement pas vrai."

Non seulement Celera Genomics a elle même admis que tout ce qu'elle avait achevé le 6 avril, c'était la liste des séquences de gènes: reste à les mettre en ordre, ce qui devrait prendre encore deux mois (cela signifie-t-il qu'une autre annonce spectaculaire est à prévoir en juin?). Qui plus est, la compagnie a employé une méthode qui lui permet d'achever ce séquençage plus rapidement, mais en laissant des trous ici et là, et en court-circuitant le processus de révision (par exemple, elle ne prend pas le temps de comparer les résultats obtenus avec ceux qu'elle pourrait obtenir chez d'autres individus, dans d'autres groupes ethniques). Il faudra encore deux ans, au moins, avant que tous les trous ne soient comblés. C'est à ce moment, et à ce moment seulement, qu'on pourra dire hors de tout doute que le génome humain a été entièrement "séquencé".

Commencera alors la "phase deux" du travail : déterminer le rôle de chacun de ces gènes. Cette "phase deux" pourrait prendre des décennies.

"Chacun de nous, poursuit le Dr Francis Collins, se doit d'être très prudent dans les mots que nous employons. Lorsque quelqu'un dit "terminé" ou "fini" ou "complété", vous devez lui demander quelle est sa définition, parce que les réponses peuvent être très intéressantes. " S'agirait-il d'un message aux journalistes?

Les actions de Celera Genomics ont perdu 10% dans l'après-midi du 10 avril, après cette conférence du Dr Collins... Le porte-parole de Celera a admis au même moment que "certaines déclarations ont été simplistes et ont semé la confusion". Mais a ajouté du même souffle que la déclaration de sa compagnie, elle, avait été "très précise".

Le projet HUGO, projet international de décodage du génome humain, regroupe 16 centres de recherche dans six pays. Il est en marche depuis plus de 10 ans, mais au cours des deux dernières années, il a été surclassée dans la " course " au décodage par des compagnies privées, dont Celera, qui souhaitent s'approprier un maximum de données pour en tirer un maximum de découvertes médicales lucratives. Tout le monde s'entend pour dire que ces compagnies, pas plus que quiconque, ne peuvent déposer de brevets sur les gènes qu'elles ont identifiés avant leurs "concurrents". Mais nul n'a rien dit sur la possibilité de breveter une découverte scientifique associée à un gène...

Les données récoltées par HUGO sont rendues publiques au fur et à mesure, via Internet. Les données récoltées par les compagnies privées, par contre, ne sont rendues publiques qu'au compte-goutte, ce qui contribue à la mauvaise cote du Dr Craig Venter chez ses collègues. Et ce qui n'arrange rien aux yeux de ces derniers, depuis deux ans, leurs découvertes souvent révolutionnaires ont suscité l'indifférence dans les médias, beaucoup plus intéressés par la controverse grandissante sur ces questions de brevetages de gènes.

"La carte du génome n'est qu'un point de départ qui n'aura de valeur que quand on saura l'utiliser, déclare à Libération le président d'une petite firme française de biotechnologie. Il faudra des années pour l'analyser et des décennies pour comprendre la fonction des gènes." D'ici là, Craig Venter a peut-être le temps d'être lui-même surclassé...

 

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