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L'étoile des Mages
La question revient chaque année, mais
on ne se lasse pas de la poser: qu'était donc cette étoile
du Levant qui, d'après la légende, guida les Rois mages vers
Bethléem?
Etoiles filantes, comètes, conjonctions planétaires: toutes
les hypothèses y sont passées. Mais 2000 ans après
l'événement, force est d'admettre que le mystère de
l'Etoile des Mages demeure entier.
Ceci dit, les progrès de l'astronomie au cours du dernier siècle,
associés aux progrès de l'informatique depuis 10 ans, ont
permis de mettre deux hypothèses de côté. D'une part,
celle des étoiles filantes: ces cailloux cosmiques -des météorites,
en fait- qui s'enflamment en entrant dans notre atmosphère sont trop
éphémères (quelques fractions de secondes!) pour s'accorder
avec le récit de la Bible.
D'autre part, la comète: s'il s'était vraiment agi d'un
de ces objets promenant dans le ciel, pendant des semaines, cette longue
queue, toute la population du Proche-Orient l'aurait vu. Or, selon la légende,
il semble que seuls les Mages aient aperçu le phénomène.
Par ailleurs, une comète était un phénomène
déjà bien connu de ces Mages-astrologues, spécialistes
de l'observation du ciel.
L'hypothèse d'une supernova passe un peu mieux la rampe: une étoile
qui explose dans un coin ou l'autre de l'univers devient soudain visible
à l'oeil nu chez nous, donnant l'illusion qu'une "nouvelle étoile"
vient de naître. Sauf que dans un tel cas, les Mages n'auraient pas
non plus été les seuls à observer... et à s'étonner!
Reste l'hypothèse de la "conjonction planétaire":
à intervalles réguliers, deux planètes se croisent
dans notre ciel, et même se "rencontrent", donnant pendant
quelques jours l'illusion d'une étoile soudain plus brillante. Dans
des cas plus exceptionnels, trois planètes se croisent: l'informatique
nous permet aujourd'hui de reconstituer à rebours le mouvement des
planètes, et de constater que l'an 3 et l'an 2 avant Jésus-Christ
sont le théâtre d'une
triple conjonction: la planète Jupiter croise une étoile
très brillante appelée Régulus puis, quelques mois
plus tard, dans la même région du ciel, la planète Vénus.
Un tel événement aurait pu impressionner les Mages, conscients
qu'il s'agissait là d'un phénomène rare. Mieux encore:
à l'affût de signes du ciel, ces grands prêtres au service
des rois auraient pu être impressionnés par une rencontre entre
Jupiter, planète des rois, et Régulus, étoile des rois...
Chose certaine, la légende continue de fasciner: dans la dernière
édition du Archaeological Magazine, on
évalue à 250 le nombre d'articles scientifiques majeurs
consacrés à ce phénomène entre 1900 et 1975.
Et tout cela, pour une légende qui fait en tout et pour tout... deux paragraphes!
Car s'il y a un problème, c'est bien celui-là: sur les
quatre Evangiles, le récit des Rois mages n'est relaté que
dans un seul, celui de Mathieu!
Comme l'expliquait l'an dernier à l'Agence
Science-Presse Jean-Pierre Urbain, directeur des Editions Astronomiques,
"une seule mention par un seul évangéliste d'un événement
astronomique dont il ne fournit aucune description, c'est très mince."
André Myre, bibliste à la Faculté de théologie
de l'Université de Montréal, se tient lui aussi assez loin
de l'histoire. "C'est vrai qu'on sait, sur tout ça, très
peu de choses. Et la tentation de chercher dans le passé d'un grand
Homme des signes qui auraient marqué son arrivée est assez
courante."
Mais l'histoire est si belle... |