En manchettes la semaine dernière:
L'ennemi aux 4 millions de morceaux
A lire également cette semaine:
Le retour de la vache
folle
Mars au Pôle Nord
Aliments transgéniques:
les Français s'expriment
Le bébé en direct:
loin d'être bon
Et plus encore...
Archives des manchettes

LE KIOSQUE
Pour être branché sur la science
Notre nouvelle section:
Capsules québécoises
Qui sommes-nous?

Retour à
la page d'accueil

Publicité
En manchettes sur le Net est une production Agence
Science-Presse

|
Une image à 3 dimensions qui fait planer
Avez-vous compris quelque chose à cette
nouvelle, sortie la semaine dernière, annonçant de bonnes
nouvelles sur le front du sida? Un nouveau vaccin? Non, ce n'était
pas ça du tout. Une découverte ouvrant la voie à un
nouveau vaccin? Peut-être, mais pas sûr. Alors quoi? "La
structure spatiale d'une protéine à la surface du virus a
été dévoilée par cristallographie..." Ouf!
Et attention, ne changez pas de page tout de suite; cette découverte
a été publiée simultanément, les 18 et 19 juin,
dans les deux prestigieuses revues scientifiques internationales: Science
et Nature. Un événement rarissime. De toute évidence,
il y a là quelque chose qui échappe complètement aux
profanes que nous sommes.
Pourtant, quand on l'aborde par le petit bout de la lorgnette, ça
n'est pas si compliqué: des
scientifiques ont réussi à créer une image en trois
dimensions de l'arme employée par le sida pour se lancer à
l'attaque. Et l'arme en question, c'est une toute petite protéine,
appelée -retenez ce nom- gp120.
Les experts du sida savaient déjà plusieurs choses sur
cette arme, ou plus exactement, cette clef grâce à laquelle
le virus VIH s'introduit dans une cellule saine. Mais ce que le travail
publié la semaine dernière dévoile de nouveau, c'est
une série de détails sur la structure complexe de cette protéine
-et à partir de là, sur ses vulnérabilités.
"Avant,
nous étions aveugles. Maintenant, nous voyons", a déclaré
sans une once de modestie Joseph Sodroski, de l'Institut du cancer Dana-Farber,
où l'étude a été réalisée, en
collaboration avec l'Institut médical Howard Hughes de l'Université
Columbia, à New York, représenté par le chercheur Wayne
Hendrickson. "Nous pouvons voir ce que sont les défenses de
ce virus, et cela nous permet de nous concentrer sur une approche logique
pour pénétrer ces défenses."
En d'autres termes: la protéine gp120 a un bouclier -sous la forme
d'une centaine "d'épines". Et à présent,
on sait où sont les points faibles de ce bouclier.
"Le virus est capable de changer de visage (à mesure qu'il
infiltre les cellules saines), mais ce que nous pouvons voir avec cette
structure complexe, c'est le mécanisme exact -c'est-à-dire
la façon dont il met ses déguisements", explique à
CNN Peter Kwong, de l'Université Columbia.
Allons un peu plus en profondeur pour les initiés (les autres,
sautez immédiatement au dernier paragraphe): ce qu'on connaissait
depuis longtemps de gp120, c'était l'enchaînement des acides
aminés qui la compose. Or, cela ne suffit pas. Pour vraiment comprendre
le rôle que joue cet enchaînement, il faut observer le tout
en trois dimensions: c'est ce qu'a permis de réaliser la technique
dite de cristallographie (la cristallographie consiste à envoyer
des rayons-X à travers un cristal à partir de différents
angles, de manière à reconstituer la structure de l'objet
en trois dimensions; c'est cette même technique qui a permis de connaître
la structure de l'ADN, en 1953). C'est cette technique qui est au centre
de l'article publié dans Nature, parce que sa réalisation,
ce n'était pas de la petite bière: cristalliser un composé
aussi petit et aussi complexe que cette protéine gp120, plusieurs
s'y étaient auparavant cassés les dents (pour plus de détails,
lire le
communiqué de l'Université Columbia).
Dans Science, les chercheurs expliquent comment ils ont pu, par cette
technique, mettre le doigt sur une région très précise
de la protéine -quelques acides aminés seulement- qui est
responsable de la pénétration du VIH dans les cellules humaines,
plus exactement dans certaines cellules du système immunitaire, les
lymphocytes CD4. Voilà pour la technique.
La chose importante à retenir, c'est que cette découverte
est fondamentale pour le développement d'éventuels vaccins:
on sait maintenant avec précision où et quoi attaquer. On
a trouvé un point faible dans le bouclier. |