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Une chaîne humaine
C'est le genre de découverte qui oblige, chaque fois, à
ajouter une illustration à ces ouvrages qui vous décrivent
l'évolution de l'homme. Quinze millions d'années et, déjà,
il tentait de marcher debout.
Evidemment, nos amis créationnistes dont nous parlons depuis deux semaines, eux qui accusent les scientifiques
de refuser d'examiner les "preuves", refuseront certainement d'examiner
cette "preuve", mais elle n'en est pas moins fascinante: des paléontologues
ont découvert au Kenya des restes d'un animal vieux de 15 millions
d'années, ancêtre commun aux singes et aux humains. Et qui,
déjà, commençait à se dresser sur ses pattes
de derrière.
Il
partageait probablement son temps entre les arbres et le sol, commente
pour Reuters Steve Ward, de l'Université Northeastern Ohio, qui a
piloté la recherche. Il pourrait donc s'agir du premier singe à
être descendu des arbres pendant une durée de temps qui en
valait la peine. Juste assez pour développer une curiosité
à l'égard du monde qui l'entourait?
Les
ossements -des dents et des fragments du crâne- décrits
dans la dernière édition de la revue Science, sont
de plus assez complets -une aubaine, pour un pré-humain de cette
époque- pour oser imaginer ce à quoi devait ressembler ce
maillon
entre, d'une part, les singes primitifs et d'autre part, les singes actuels
et les humains. Puisque, est-il besoin de le rappeler, il y a longtemps
que les anthropologues n'utilisent plus l'expression "l'homme descend
du singe" mais bien "l'homme et le singe ont un ancêtre
commun".
La bestiole, dont la découverte des premiers fragments remonte
en fait à 1993, a été baptisée Equatorius africanus,
ce qui en ferait une nouvelle espèce d'hominidés -le groupe
qui inclut à la fois les singes et nous. On présume que les
premiers singes ont pu émerger il y a environ 22 millions d'années
et se diviser rapidement en plusieurs espèces et sous-espèces.
Mais la plupart d'entre elles seraient disparues ou
auraient cédé le pas aux autres il y a environ 15 millions
d'années. Il ne reste plus qu'une demi-douzaine de ces espèces
aujourd'hui (humains, chimpanzés, gorilles, orang-outans, gibbons...).
L'Equatorius africanus apparaît donc à un point tournant
de l'histoire, et pourrait en conséquence être le représentant-clef
d'une époque où ces espèces et sous-espèces
se sont fondues, ou ont commencé à émigrer vers des
terres lointaines. Incidemment, il apparaît tant et si bien à
un point tournant que ses ossements avaient d'abord été attribués
au Kenyapithécus, un nom célèbre attribué depuis
les années 60 à des ossements très incomplets -ce qui
n'avait pas empêché certains paléontologues de voir
en lui un ancêtre direct de l'homme.
Ce qui se dégage de la longue recherche publiée dans Science,
c'est que le Kenyapithécus pourrait en fait être divisé
en deux espèces très différentes, dont l'une serait
précisément cet Equatorius africanus.
L'animal devait faire environ la "taille d'un babouin mâle
adulte, un animal dont bras et jambes sont à peu près d'égales
longueurs". Il pourrait être proche parent des premiers singes
à avoir mis pied en Europe, il y a environ 14 millions d'années,
mais ce point reste controversé.
Quant à la question de savoir quel singe fut le dernier avant
que l'arbre généalogique ne se divise entre singes et humains,
elle n'a pas encore obtenu de réponse. Mais en se débarrassant
d'un des Kenyapithécus (K. africanus), l'équipe de Thomas
Ward, résume Science, vient d'effacer un candidat. |