Les multinationales de l’agriculture auront dorénavant le champ libre pour utiliser les semences produites par les agriculteurs de la planète. Mais elles devront offrir une compensation.

En effet, à l’occasion d’une première réunion de l’organisme directeur du Traité international sur les ressources phytogénétiques, tenue à la mi-juin à Madrid, en Espagne, les industries se sont vues accorder l’accès au matériel génétique de 64 cultures qui constituent 80 % des aliments consommés par l’humanité.

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L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, connue sous son acronyme anglais FAO, les 350 représentants de 120 pays et ceux de l’Union européenne, ont obtenu en contrepartie que ces entreprises et les autres utilisateurs s’engagent à verser 1,1 % des ventes de semences qui seront obtenues à partir de ce matériel génétique dans un Fonds d’aide aux projets, au bénéfice des pays les plus démunis.

Cette entente de financement en vue de l’application du Traité prévient les pays riches –accusés de piller les espèces et les savoirs traditionnels– qu’ils ne pourront plus le faire sans offrir de compensations aux pays pauvres.

La FAO est pleinement satisfaite des résultats de la réunion. Après des années de négociations, les États sont parvenus à des accords qui permettront de rendre le Traité opérationnel et qui favoriseront aussi bien les donateurs de ressources phytogénétiques que leurs usagers ", a confié José Esquinas Alcazar, Secrétaire du Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture.

Dans son Article 9, le Traité reconnaît le droit des agriculteurs à tirer parti des ressources qu’ils développent, à préserver les savoirs traditionnels correspondants, et à prendre part aux décisions pertinentes concernant ces ressources. Pour les sélectionneurs, le Traité mettra à leur disposition une série de ressources génétiques fondamentales pour la sécurité alimentaire, qui pourront contribuer à l'amélioration de la recherche. Le Traité prévoit aussi la mise au point et le renforcement d’un Système d’information mondial qui facilitera l’accès à des ressources et leur utilisation.

Quant aux transformateurs de produits alimentaires, le Traité leur préserve le droit de mettre au point des variétés améliorées et des produits entièrement nouveaux.

Les signataires du Traité soutiendront ainsi financièrement le Fonds fiduciaire mondial pour la diversité des cultures (Global Crop Diversity Fund), créé en 2004 pour garantir la conservation à perpétuité des plus importantes collections de diversité agricole du monde détenues dans les génotyhèques. L’Allemagne s’est engagée à verser 1,5 million d’Euros durant les cinq prochaines années, s’ajoutant au budget actuel restreint de 50 millions de dollars. Depuis sa création, le Fonds soutient un processus de mise au point d’une série de stratégies régionales et de conservations de certaines cultures. Il aidera à répertorier les collections les plus importantes. Neuf stratégies régionales sont en développement et seront achevées d’ici la fin de 2006. L’objectif est d’assurer l’avenir à long terme des collections de diversité des cultures du monde.

Il existe aujourd’hui plus de 1400 banques de gènes dans le monde qui détiennent plus de six millions d’échantillons.

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