CHICAGO - Les journalistes scientifiques constituent une espèce en voie de disparition, a déclaré le président de la Fédération mondiale... des journalistes scientifiques. Un constat qui n’avait rien d’encourageant pour les chercheurs venus assister à un atelier sur... comment améliorer la couverture journalistique de la crise climatique.

Et le constat arrive quelques années après celui fait par Cristine Russell, journaliste scientifique et chercheure, qui était assise à la tribune, aux côtés du président en question, Pallab Ghosh, lors de cet atelier tenu vendredi au congrès de l’AAAS (Association américaine pour l’avancement des sciences). Dans une recherche parue en 2006, Christine Russell avait conclu qu’en deux décennies, le nombre de sections « science » dans les quotidiens américains était passé d’une centaine à une trentaine. Avant elle, des chercheurs comme l’Allemand Winfrid Göpfert s’étaient alarmés de l’impact sur la qualité de l’information qu’avait d’ores et déjà cette décroissance, parallèlement à la montée en puissance des relations publiques d’entreprises. Quant à l’Agence Science-Presse, les portraits de la place de la science dans les journaux que nous faisions en 2003 et en 1998 n’étaient pas brillants non plus.

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Or, si l’atelier réuni vendredi,13 février, avait pour but d’explorer des pistes en vue d'une meilleure couverture journalistique des changements climatiques, il a frappé un mur. La qualité du travail de vétérans comme Ghosh, de la BBC, ou Peter Spotts, qui couvre la science depuis une quinzaine d’années au Christian Science Monitor, n’est pas remise en doute. Mais celle des journalistes généralistes l’est. Or, ce sont eux qui risquent d’hériter de plus en plus souvent de ce dossier, quand on pense qu'en décembre dernier, c’était au tour de CNN de fermer son « unité » de journalisme scientifique.

Problème supplémentaire : de l’avis de tous ces experts, on n’en est plus à l’étape où on peut se contenter de « couvrir » les changements climatiques. Ce n’est plus une « nouvelle » au sens strict du terme. Il faut parler de sujets plus complexes comme l’adaptation —un terme qui commence enfin à sortir de sa niche, se réjouit Peter Spotts— ou la transition vers les énergies nouvelles.

Et si la tâche en revenait un peu plus aux scientifiques? Du moins, pas uniquement eux, mais tous ceux qui ont à coeur la science, en cette ère de l’Internet où, ne cesse-t-on de dire, le lecteur et le téléspectateur cesseraient d’être passifs, pour devenir plus participatifs. Tous blogueurs?

« Cogito, ergo sum », a lancé Bud Yard, autre vétéran du journalisme, avant d’offrir sa traduction : « I report, therefore I blog ».

« C’est de plus en plus là que vous, scientifiques, devrez aller pour faire passer votre message. »

Voyez nos autres textes sur le congrès 2009 de l'AAAS: Science et politique: au niveau local? / Les villes peuvent-elles lutter contre le réchauffement? / Les damnés de la Terre / Les cercles vicieux du réchauffement / Profession: consultant scientifique hollywoodien / Al Gore en appelle aux scientifiques / Journalistes scientifiques en voie de disparition

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