Comme les environnementalistes le savent déjà, la fameuse « poubelle du Pacifique » n’est plus seule : l’océan Atlantique cache lui aussi une « plaque » où s’agglutinent les déchets de plastique. Moins impressionnante, mais non moins inquiétante. Qu’est-ce que cela nous apprend sur l’état des océans?

Que si des millions de morceaux de plastique de quelques centimètres de large ont pu échapper aussi longtemps aux observations, c’est qu’il doit y en avoir une quantité encore plus impressionnante qui vogue sur les sept mers...

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

La découverte de la « poubelle de l’Atlantique » n’a en effet été annoncée que tout récemment, lors d’un congrès tenu à Portland, Maine, à la fin février. Mais son existence était soupçonnée depuis longtemps, puisque sous la direction de Karen Lavender Law, de l’Association d’éducation sur la mer (SEA), des scientifiques et des étudiants ont passé des mois à ramasser des morceaux de plastique et autres débris dans leurs filets de pêche.

Autrement dit, ce n’est pas quelque chose qui a inopinément sauté aux yeux de scientifiques.

Sur 6000 sorties dans la mer des Antilles et dans l’Atlantique Nord, plus de la moitié auraient permis de revenir avec une pêche « fructueuse » —soit des débris faisant généralement un centimètre de large. Dont des restes de sacs de plastique, à plusieurs centaines de kilomètres de la côte la plus proche!

« Nous avons trouvé une région assez loin au nord de l’Atlantique, où ces débris semblent être concentrés et y demeurer pour de longues périodes de temps », a expliqué sur toutes tribunes, depuis deux semaines, Mme Law. Environ 83% des débris ont été ramassés entre le 22e et le 38e degré de latitude nord; elle ne précise pas la longitude, ce qui peut placer ces débris n'importe où au large de la Floride ou du Massachusetts.

Mais ces observations confirment du même coup qu’il y a sans doute beaucoup d’autres accumulations. Moins spectaculaires mais qui en disent long sur ce que consomment les poissons depuis quelques décennies. Le « truc » pour les futurs scientifiques, explique-t-on, serait de ne pas se contenter de faire traîner leurs filets à la surface, comme leurs prédécesseurs l’ont fait jusqu’ici : cette technique ne permet que de ramasser une fraction des déchets, est venue dire Giora Proskurowski, de la SEA, au même colloque de l’Union géophysique américaine consacré aux océans.

Ce qui signifie que, compte tenu des courants marins, deux autres zones réserveront probablement d'aussi désagréables surprises au cours des prochaines années, toutes deux au large de l’Amérique du Sud : l’une du côté Pacifique, au large du Chili et l’autre du côté Atlantique, au large de l’Argentine.

Je donne