En général, le portrait mondial des nappes d’eau souterraines provient des analyses faites par satellites : les plus infimes variations des forces gravitationnelles de notre planète permettent de dresser un portrait global, mais qui manque de précision. 

L’équipe dirigée par le professeur en sciences de l’environnement Scott Jasechko a donc voulu aller plus loin. Il lui a fallu pour cela rassembler une montagne de données étalées sur plus de 20 ans. Le résultat est un portrait qui confirme les pires craintes: un peu plus de 10% des réserves d’eau souterraines ont vu leurs niveaux diminuer de 0,5 mètre par année depuis au moins 20 ans, et plus d’un tiers, de 0,1 mètre par année. Si on extrapole ces données à l’ensemble des puits de la planète —l’étude couvre à peu près 75% de ce qui est puisé dans les nappes d’eau souterraines— cela représente des millions de puits à risque de devenir secs, dans des régions arides aussi différentes que la Californie ou l’Iran. 

Il y a malgré tout de nombreuses exceptions, et plusieurs sont des lieux qui offrent aux autres des pistes de solution, écrivent les chercheurs, dont l’étude est parue le 24 janvier dans la revue Nature. 

« Notre analyse révèle des cas spécifiques où les tendances au déclin ont été inversées à la suite de nouvelles politiques, d’une gestion de la recharge des aquifères et des dérivations des eaux de surface », c’est-à-dire la gestion des débordements afin de minimiser les pertes. Parmi les changements politiques qui ont eu un impact positif: ajouter un coût au pompage des nappes. 

On signale aussi, sans surprise, que les régions où le déclin des réserves d’eau est le plus élevé, sont des régions arides où il se fait de l’agriculture intensive. 

Il faut aussi se rappeler que dans toute région qui dépend de ces sources d’eau souterraines, la situation devient critique bien avant que les puits soient à sec. Au-delà d’un certain seuil, la teneur en sel peut s’élever dans l’eau potable. En plus du fait que le sol au-dessus peut s’affaisser: en 2022, une étude révélait qu’il s’agissait là d’un destin qui guette plusieurs villes.