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Il n’existe pas d'île de plastique dans l’océan Pacifique. Il y a, par contre, des quantités énormes de déchets de plastique. C’est tout aussi dangereux pour la vie marine... mais beaucoup moins intéressant pour les photographes.

Une océanographe de l’Université d’État de l’Oregon a jeté un pavé dans la mare le 5 janvier, en publiant un communiqué de presse — pas une étude — intitulé on ne peut plus clairement : « La poubelle océanique est loin d’être aussi grosse que l’ont décrit les médias ».

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Angelicque White voulait ainsi attirer l’attention sur ce qu’elle appelle une « exagération » qui risque, selon elle, de nuire aux sciences de l’environnement.

Le problème n’est pas une absence de déchets de plastique : ils sont bel et bien là, et « il ne fait aucun doute que la quantité de plastique dans les océans est troublante ». Mais ces métaphores d’un « continent de plastique faisant deux fois le Texas » ou de « plastique en quantité supérieure au plancton » n’ont aucun ancrage dans la réalité.

Nous avons des données qui nous permettent de faire des estimations raisonnables. Nous n’avons pas besoin de l’hyperbole.

White est une spécialiste de la vie microbienne et ses recherches en cours, qui l’ont conduite l’été dernier à participer à une expédition dans le Pacifique, portent sur les relations entre les communautés de microbes marins et le plastique. Une chose qui, une fois publiée, fera sûrement moins de bruit que son communiqué, reconnaît-elle dans une discussion avec le vulgarisateur Randy Olson.

Et les médias ne portent pas le blâme : elle donne en exemple une expédition d’étudiants universitaires dans le Pacifique, en 2009.

Lorsque vous regardez le blogue de leur expédition, vous voyez qu’ils disent la même chose que nous —le plastique est petit, il est dispersé. Mais le titre d’un de leurs communiqués de presse était « Des scientifiques trouvent la grande poubelle du Pacifique ». Après ça, ce qu’ils diront importe peu. Il importe peu qu’ils soient parfaitement exacts dans le texte... Nous savons que la seule chose que verront la plupart des gens, c’est le titre.

Reste que le problème existe : le plastique est répandu dans tous les océans (pas seulement le Pacifique), et il se dilue en de microscopiques fragments dont personne n’est capable d’évaluer l’impact sur les bestioles qui les avalent. C’est un problème environnemental, mais qui risque de moins retenir l’attention du public dès lors qu’il réalisera qu’il ne peut ni voir ni toucher cette « île ».

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