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Après le maïs et le soya génétiquement modifiés, voici bientôt le blé OGM. Et si vous croyez que les OGM ont causé de la controverse à ce jour, vous n'avez encore rien vu!

Parmi les grandes plantes nourricières de l'humanité, le blé est l'une des rares à résister à la transgenèse. Mais plus pour longtemps.

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L'an dernier, Monsanto, le géant des biotechnologies, a racheté WestBred LLC, un semencier de blé du Montana. Il n’en fallait pas plus pour que Monsanto se relance dans la recherche et le développement d'un blé OGM. Pourtant, dans un passé pas si lointain (en 2003), la multinationale avait renoncé à ce projet, après que ses intentions eurent provoqué un tollé international.

Mais le contexte aurait changé. En mai dernier, des organisations de producteurs de céréales des États-Unis, du Canada et de l'Australie ont publié un manifeste en faveur de la recherche sur le blé transgénique. Parmi les signataires, la North American Millers' Association, un regroupement de meuniers américains.

Le marché serait-il prêt à s'alimenter en blé OGM? Épineuse question. Alors que le maïs, soya ou canola transgénique n'entrent qu'indirectement dans l'alimentation humaine (souvent après avoir d'abord été consommés par des animaux), le blé et sa farine sont à la base de notre alimentation.

Dans l'industrie, on croit que la résistance aux OGM est l'affaire de groupes militants qui savent s'attirer l'attention des médias. « La plupart des consommateurs appuient les technologies (OGM), dit Trish Jordan, porte-parole de Monsanto Canada. Il s'en consomme de façon sécuritaire depuis 13 ans. Cela représente des milliards de repas. »

Greenpeace s'oppose aux OGM par principe de précaution. « On ne connaît pas les effets à long terme, ni sur la santé, ni sur l'environnement », affirme la porte-parole Mireille Beaudoin.

Malgré les campagnes de Greenpeace et autres groupes, les consommateurs d'ici ne semblent pas véritablement préoccupés par les OGM qui se retrouvent dans leurs paniers d'épicerie, affirme François Belzile, professeur à l'Université Laval. « On véhicule aux consommateurs que 70 % de ce qu'ils mangent est teinté par les OGM. En dépit de cela, je ne perçois pas, auprès du grand public nord-américain, un niveau d'inquiétude très élevé au sujet des OGM. »

Pourquoi le blé OGM n'existe-t-il donc pas encore?

Primo : les agriculteurs craignent que de grands marchés, comme celui de l'Europe, où les réticences aux OGM sont plus vives, leur ferment la porte si le blé qu'ils ont à offrir est transgénique.

Secondo : à ce jour, dans la plupart des grands pays producteurs, le développement des variétés de blé et leur propriété intellectuelle sont demeurés publics. Les agriculteurs peuvent donc conserver une partie de leur récolte pour les semis de l'année suivante. Cela rend les investissements privés peu attrayants pour les multinationales, qui réalisent leurs profits avec de la semence que les agriculteurs doivent payer chaque année.

Mais voilà que le blé perd du terrain — littéralement – au profit de cultures transgéniques, dont les rendements ont largement profité des progrès de la transgenèse.

« Nous avons vu le formidable impact des cultures OGM sur nos résultats financiers. C'est pour ça qu'on réclame le développement de blé OGM », affirme Rolf Penner, producteur au Manitoba.

Si les producteurs en veulent, les multinationales en livreront. Dans le cas de Monsanto, ce ne sera pas avant huit à dix ans.

La première à y arriver pourrait être la multinationale suisse Syngenta, qui avait, elle aussi, interrompu ses recherches face à la controverse. Pourtant, elle était sur le point de réussir un blé OGM résistant à la fusariose, une maladie fongique qui cause d'importantes pertes de qualité, notamment au Québec.

En Australie, les graves problèmes de sécheresse poussent le gouvernement à investir lui-même dans la recherche. Accablés par le manque d'eau, les Australiens pourraient très bien accepter de manger du pain au blé OGM résistant à la sécheresse. La Chine pourrait aussi développer un blé OGM, d'abord pour nourrir sa propre population.

Un blé transgénique pourrait requérir moins de fongicides, herbicides et engrais, réduisant ainsi son impact environnemental. Il donnerait un meilleur rendement aux agriculteurs, qui en cultiveraient encore plus, pour mieux combler les besoins alimentaires d'une planète qui n'a jamais été aussi populeuse. Et vous, en mangerez-vous?

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