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La navette spatiale Atlantis était à peine rentrée de la toute dernière mission de son histoire, que la fusée privée Falcon 9 ouvrait une nouvelle page d’une nouvelle histoire, dont le futur est moins clair.

Le lancement réussi de Falcon 9, vendredi dernier, et la mise en orbite 10 minutes plus tard de son « faux » satellite —un test en prévision de vraies missions— n’ont pas été aussi médiatique que la dernière mission d’Atlantis, mais cette fusée présage un changement qui enthousiasme les uns et inquiète les autres : l’exploitation commerciale de l’espace. Hier, la navette subventionnée, demain, le cosmos aux riches?

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Mais Falcon 9 n’est pas aussi indépendant de la NASA qu’il en a l’air.

- Si sa compagnie, SpaceX (Space Exploration Technologies Corporation), est devenue aujourd’hui le chef de file des promoteurs de telles fusées, c’est d’abord parce qu’elle a gagné en 2006 un contrat de 278 millions$... de la NASA. Contrat remis au terme d’un concours qui visait à choisir la compagnie la plus susceptible de développer un engin assez puissant pour aller faire des livraisons sur la station spatiale. - En 2008, SpaceX remportait un contrat similaire, de 1,6 milliard$, qui pourrait lui servir, si les prochaines étapes sont franchies avec succès, pour organiser 12 vols de ravitaillement —incluant le transport d’astronautes— sur la station spatiale. C’était avant qu’il ne soit devenu officiel que la NASA abandonnait les navettes et confiait ce volet au secteur privé —et cette orientation est devenue officielle dans un discours du président Obama, le 1er février. - Dans la foulée de cette annonce, SpaceX recevra 6 milliards$ sur 5 ans —une somme qui, avant cette année, était prévue pour le programme de fusées Constellation de la NASA, censées à l'origine succéder à la navette spatiale.

Derrière cette transition, une logique à long terme : que la NASA se concentre sur les missions plus complexes —vers la Lune ou Mars— et qu’elle laisse le travail de « taxi » à l’entreprise privée.

Mais s’il remplit ses promesses —un autre vol d’essai pourrait avoir lieu cet été avant qu’on ne l’autorise à aller livrer de l’équipement sur la station spatiale, et bien d’autres vols d’essai pourraient avoir lieu avant qu’on ne l’autorise à transporter des astronautes— Falcon 9 pourrait ne pas seulement remplacer la navette spatiale. C’est Nature qui rappelait, il y a 2 semaines, qu’il pourrait également remplacer, plus discrètement, la fusée Delta II, qui aura été une des vedettes de la NASA, en mettant en orbite des centaines de satellites commerciaux et militaires dans les années 1990... mais dont les coûts d’une mise en orbite avaient plus que doublé, passant de 50 à 120 millions$. D’où, recherche d’une solution moins chère —Falcon promet une facture de 50 millions$ par lancement.

En transportant des astronautes, elle concurrencerait également la fusée russe Soyouz, un argument souvent avancé ces derniers mois pour convaincre les élus américains.

Les sceptiques doutent encore que l’entreprise privée ait atteint la capacité technique pour prendre la relève, mais une chose est sûre : la NASA n’a plus depuis longtemps les moyens de ses ambitions... et après la mise à la retraite d’Atlantis le 26 mai, les deux autres navettes spatiales doivent subir le même sort d’ici le début de 2011.

[ Ajout, 8 juin ] Flairant la bonne affaire, de nombreux entrepreneurs se lancent dans la conception d'outils et d'engins pour de futures missions spatiales (article du New York Times)

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