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Même si la médecine personnalisée en est seulement à ses prémisses, elle soulève déjà la controverse. Alors que les chercheurs la perçoivent comme « La médecine de l'avenir » avec toutes les promesses que suscite la connaissance de l'ADN, certains spécialistes en éthique se montrent plus frileux et craignent ses abus.

Trois chercheurs de diverses disciplines se sont récemment réunis lors d’un Café scientifique, à Montréal, et ont livré devant une trentaine de personnes captivées une conférence animée, parfois contrastée, autour du thème de la soirée « À quel gène avez-vous mal? ». Une rencontre organisée par l’Association des Communicateurs scientifiques du Québec.

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D'entrée de jeu, Marie-Hélène Parizeau, professeure de philosophie morale et d'éthique appliquée à l'Université Laval, s'est montrée inquiète de l'aspect « prédictionnel » de l'approche génomique. Servira-t-elle seulement à des fins thérapeutiques?, se demande-t-elle.

Pavel Hamet, qui dirige le Service de médecine génomique ainsi que le Laboratoire de médecine moléculaire du CHUM, se montre plein d'espoir envers cette nouvelle approche. Selon lui, un traitement conçu pour un individu à partir de son ADN renforcera l'effet curatif des soins, un avantage considérable puisque les effets secondaires des médicaments actuels constituent la septième cause d'hospitalisation au Canada. Quant à la carte du génome humain, il soutient qu'elle servira aussi à prévenir le développement de certaines maladies.

Le chercheur a rappelé le « succès », en 2007, du Herceptin, un médicament mis au point à partir d'un gène identifié chez certaines femmes souffrant du cancer du sein. Celles-ci ont vu leurs métastases réduites de 70 %.

Inquiétudes fondées?

Marie-Hélène Parizeau recommande toutefois la prudence avec les tests d'ADN. « Il y a encore un décalage entre l'identification des gènes et les traitements et il faut aussi établir des balises avec les médecins avant de monter des banques de données (destinées à la recherche). Il faut se poser des questions de fond. »

La chercheuse Clarissa Desjardins ne partage pas ces inquiétudes. « Il y a toutes sortes de moyens de protéger des données recueillies. » Et la population se montre elle-même ouverte à l'approche personnalisée. « Il y a même des groupes qui se forment sur Internet où de plus en plus de gens partagent leurs informations médicales avec d'autres personnes pour s'entraider, pour faire avancer la recherche », indique la présidente du Centre d'excellence en médecine personnalisée qui demeure convaincue que cette approche peut rendre la médecine plus efficace et moins chère.

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