Et la cause, ce serait en partie... nous. C’est du moins ce que pointe un modèle informatique créé par Robert Kaufmann, de l’Université de Boston, et ses collègues, paru le 5 juillet dans la revue PNAS. Toute la pollution que nous avons expédiée dans l’air —en particulier, à cause d’une augmentation rapide du nombre de centrales au charbon en Asie— a contribué, en association avec des variations naturelles, à bloquer une partie des rayons du soleil. Donc, à ralentir le réchauffement.
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Est-ce à dire que plus nous polluerons, plus nous limiterons les rayons du soleil et donc, plus nous contribuerons au... refroidissement? Non, parce que la nature reprend aussi le dessus: les années 2000 avaient été celles d’un creux dans le cycle de 11 ans de l’activité solaire; notre étoile, autrement dit, était moins active. Mais à présent, elle s’achemine vers le sommet de son cycle. Par ailleurs, on serait peut-être en train de passer vers une période d’événements El Niño plus fréquents —si ça s’avérait exact, une année El Niño contribue traditionnellement à faire monter la moyenne mondiale des températures.
Enfin, il y a les volcans. Une autre étude, parue le 21 juillet dans Science, pointe un grand nombre d’éruptions volcaniques mineures qui, dans les années 2000, ont envoyé elles aussi dans l'air, à l’instar des centrales au charbon, une quantité supérieure à la moyenne de dioxyde de soufre.
S’en servir pour modifier la Terre?
Les partisans de la géo-ingénierie pourraient s’en réjouir. On appelle géo-ingénierie cette stratégie hautement controversée qui consisterait, littéralement, à «refaçonner» les climats de la Terre pour limiter le réchauffement. Or, les partisans trouveront dans ces deux études un argument en leur faveur: envoyer dans l’air des millions de tonnes de dioxyde de soufre a justement été l’une des stratégies suggérées (voir ce texte et celui-ci) Et le dioxyde de soufre fait partie des émanations de ces centrales au charbon que la Chine continue de construire à un rythme accéléré: de 2003 à 2007, sa consommation de charbon a plus que doublé.
Seul petit problème, le dioxyde de soufre entraîne aussi les pluies acides, que les pays occidentaux, et en particulier les États-Unis et le Canada, s’efforcent de réglementer depuis les années 1980. Mais la Chine y met beaucoup moins d’empressement.