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Ce graphique est inesthétique. Mais il représente la plus lointaine frontière jamais franchie par une machine humaine, la sonde Voyager 1, à plus de 18 milliards de kilomètres de nous.

Pour l’instant, nul ne peut dire avec certitude si Voyager 1 a bel et bien franchi la frontière marquant les limites de notre système solaire et les débuts du gouffre qui nous sépare des autres étoiles. Ce n’est pas la première fois que des experts avancent que ça y est, mais jamais auparavant, la petite ligne sur le graphique n’avait diminué aussi radicalement.

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Et que représente cette ligne? Le nombre de particules émises par notre Soleil qui heurtent Voyager 1 continuellement. En fait, tout ce qui tourne autour du Soleil, nous y compris, est heurté continuellement par ces particules —surtout des protons— et ce champ d’influence du Soleil couvre au moins 18 milliards de kilomètres de rayon: cette «bulle» est appelée l’héliosphère. De l’autre côté de cette bulle, les particules solaires sont censées être surpassées par les particules provenant des autres étoiles —infiniment plus lointaines, mais infiniment plus nombreuses.

Or, sur le graphique, la ligne montre une baisse radicale du nombre de particules solaires à partir du début de septembre.

Les astronomes prennent pourtant soin de préciser depuis des années que plutôt que d’imaginer qu’il existe une ligne tracée au couteau entre l’héliosphère et l’espace interstellaire, il faudrait plutôt penser en terme de zone grise —appelée l’héliopause. Et de surcroît, une zone grise mouvante, que Voyager 1 aurait pénétrée en 2004.

Depuis que ce graphique a commencé à circuler, aucune annonce officielle n’est venue de la NASA. Les données de septembre de son magnétomètre doivent encore être analysées en détail —mais le 10 octobre, la quantité de particules solaires se maintenait encore au plus bas.

Toutefois, la diminution des particules solaires n’est qu’une des trois preuves attendues par les astrophysiciens: la deuxième serait un changement de direction du champ magnétique (l’hypothèse veut qu’il soit orienté «nord-sud» dans l’espace interstellaire plutôt que «est-ouest» dans notre système solaire, explique l’astronome Merav Opher). Et la dernière preuve serait une augmentation des rayons cosmiques frappant la sonde. Or, ces derniers ont effectivement augmenté ces dernières années —et la NASA révélait en août que Voyager 1 avait enregistré une augmentation des rayons cosmiques, très faible mais plus rapide depuis le mois de mai (voir le deuxième graphique).

Il faut aussi se rappeler qu’à 18,3 milliards de kilomètres, toutes les données que peut envoyer Voyager 1 nous parviennent au compte-goutte. La sonde fonctionne encore avec un ordinateur de... 1977.

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