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S’il existe bel et bien une guerre contre la science livrée par une certaine droite conservatrice, la gauche progressiste n’est pas blanche comme neige. Elle est plus ouverte aux savoirs nouveaux... mais pas à n’importe quels savoirs.

C’est du moins ce qu’avance le rédacteur en chef de la revue Skeptic Michael Shermer, qui parle d’une « guerre de la gauche à la science » dans un billet publié par le Scientific American . Il commence par rappeler qu’aux États-Unis, ce ne sont pas seulement les membres du très conservateur Tea Party qui adhèrent au créationnisme: selon un sondage Gallup publié en 2012, par moins de 41% des partisans démocrates croient que «Dieu a créé les humains dans leur forme actuelle», contre 58% des partisans républicains.

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Le concept de «guerre républicaine à la science» a été popularisé par le journaliste américain Chris Mooney en 2005 avec un livre portant ce titre. Mais il existe une frange de «l’autre camp» qui fait preuve d’une égale méfiance à l’égard des scientifiques, ou du moins, de certains scientifiques, explique Michael Shermer :

Là où les conservateurs sont obsédés par la pureté et la sainteté du sexe, les valeurs sacrées de la gauche semblent fixées sur l’environnement... Essayez d’avoir une conversation avec un libéral progressiste sur les OGM au cours de laquelle les mots «Monsanto» et «profits» ne sont pas jetés comme des bombes syllogiques.

Shermer a publié en 2012 The Believing Brain, un livre qui, à la lumière des progrès récents de la neurologie, veut expliquer le parcours des croyances à travers nos neurones : de quelle façon «nous construisons des croyances et les renforçons comme des vérités».

Les critiques du billet de Shermer lui ont reproché de mettre dos à dos deux courants d’idées inégaux en forces et en actions —autrement dit, on serait incapable de trouver, de la part de la gauche, autant d’attaques politiques contre les scientifiques américains qu’il y en a eu sous Bush.

Le dossier de la droite est en effet plus long et plus lourd de conséquences —de l’opposition aux cellules souches jusqu’à la négation du réchauffement climatique en passant par la légende voulant que l’avortement cause le cancer. Sous le gouvernement Bush, des rapports, émanant notamment de l’Union of Concerned Scientists, ont régulièrement pointé des cas d’ingérence politique dans le travail des scientifiques financés par les fonds publics, et une tendance similaire semble se dessiner au Canada depuis 2008.

Mais le dossier de la gauche n’est pas sans taches, souligne un autre livre paru en 2012, Science Left Behind , signé par les journalistes Alex Berezow et Hank Campbell. C’est à gauche qu’ont plus de chances d’être campés les vedettes de l’anti-vaccination comme Robert Kennedy Jr. Et c’est de ce côté du spectre que proviennent tout à la fois les militants anti-nucléaires et les militants anti-éoliennes, les groupes les plus opposés au génie génétique et aux champs électromagnétiques.

Quoi qu’on pense de leurs arguments, le débat, tel que le résume le blogueur torontois Bernhard Isopp, n'est pas possible tant qu'il est polarisé:

Les gens sont très bons pour pointer les influences idéologiques des autres, mais souvent complètement aveugles aux influences idéologiques qui façonnent leurs propres croyances...

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