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La nouvelle édition du rapport du GIEC, la 5e, est attendue pour septembre. Sur la base de fuites survenues ces derniers jours, ainsi que l’an dernier, à quoi peut-on s’attendre de différent —et que reste-t-il comme prise aux sceptiques?

Ce mardi, les médias scientifiques et autres ont été nombreux à s’attarder au «degré de certitude» : on pourrait à présent affirmer à 95% que les humains sont derrière le gros du réchauffement des six dernières décennies (contre 90% dans la 4e édition, en 2007, et 66% en 2001).

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Mais il y a plus. La préparation de cette 5e édition a offert aux climatosceptiques une opportunité qu’ils ont bien tenté de saisir: depuis 2007, le GIEC (Groupe intergouvernemental des Nations Unies sur les changements climatiques) a en effet élargi ses règles d’inscription, permettant pratiquement à n’importe qui d’offrir ses services de réviseur. C’est ce qui a conduit aux fuites de l’hiver dernier: à deux reprises, de longues séries de versions préliminaires sont apparues sur des sites climatosceptiques, accompagnées de critiques. Ces critiques se sont chaque fois avérées sans fondements, les brouillons n’offrant ni découverte inédite ni affirmation inattendue.

Quant à la version apparue cette semaine, datée du 7 juin —dont le porte-parole du GIEC s’est empressé de dire qu’elle n’était pas définitive— elle permet de croire que l’édition 2013 contiendra, entre autres conclusions :

  • l’acidification des océans va «presque certainement» augmenter, menaçant du coup un grand nombre d’écosystèmes;
  • le niveau des mers va grimper d’un mètre d’ici l’an 2100, mais de 5 à 10 mètres à plus long terme, dépendamment des virages que prendront nos sociétés d’ici là;
  • sur ce dernier point, la ligne rouge reste les fameux deux degrés Celsius d’augmentation par rapport à l’ère pré-industrielle; si la planète dépasse cette ligne, le niveau des mers va continuer à grimper après 2100, quoi que nous fassions;
  • et à propos des impacts à long terme: jusqu’à 20% du CO2 que nous avons émis et qui flotte actuellement dans l’atmosphère va y rester plus de 1000 ans.

«Une grande part des changements climatiques, lit-on dans cette version du 7 juin, est ainsi irréversible, sur une échelle de temps humaine.»

Ceci dit, les lecteurs attentifs n’apprendront rien de révolutionnaire par rapport à l’édition 2007. Les prévisions se sont raffinées, des événements récents ont renforcé certains des scénarios du pire —en particulier la fonte accélérée des glaces de l’Arctique— et les modèles les plus mitigés, sur les interactions entre les particules émises et la formation des nuages, ont continué d’évoluer.

Tout cela suffira-t-il à convaincre les sceptiques? C’est ce qu’espère le physicien britannique John Abraham pour qui ces rapports commencent à devenir un gaspillage de temps et d’argent :

En un sens, le GIEC a terminé son travail. Pour son 5e rapport, il a synthétisé la science et fourni suffisamment d’arguments pour dire qu’il est temps d’agir. Combien d’autres rapports du genre nous faut-il? Est-ce qu’un 6e rapport confirmant ce que nous savons déjà fera une différence? Et un 7e? Est-il nécessaire d’écrire de tels rapports tous les 5 à 6 ans? Peut-être qu’un par décennie serait suffisant?

Pour le journaliste Chris Mooney, ce qu’il y a de neuf avec cette nouvelle édition —si la version du 7 juin reste telle quelle jusqu’en septembre— c’est le ton employé, susceptible de surprendre les lecteurs attentifs.

... la façon dont [les auteurs] ne se retiennent pas. Ils disent, très franchement, à quel point le réchauffement planétaire est dangereux. Ils donnent un sens d’irréversibilité, d’échelle... et de désastre.

Le blogueur Joe Romm, de Climate Progress, souhaite lui aussi que cette 5e édition soit la dernière. Parce que la lenteur du GIEC —des centaines de collaborateurs d’horizons si divers que les scénarios retenus sont toujours les plus prudents— est sa faiblesse: chacune des éditions a été suivie d’un constat comme quoi sur tel ou tel item (fonte des glaces, acidification, etc.), le GIEC avait sous-estimé le risque, parce qu’il n’avait pas tenu compte des données les plus récentes.

Comme les éditions précédentes, celle-ci sera constituée de quatre volumes thématiques, dont la publication s’étalera sur près d’un an. Le premier tome, dont la sortie est prévue pour le 26 septembre à Stockholm, portera sur la physique derrière les changements climatiques.

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