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Qu’y a-t-il de commun entre une allergie aux oeufs... et un mammouth? Ce sont deux des cibles envisagées pour la technologie CRISPR.

 

La technologie promet une manipulation des gènes avec une précision inégalée : or, la plupart des allergies aux oeufs sont causées par une des quatre protéines contenues dans le blanc. En théorie, on pourrait donc produire des poules dont le gène aurait été altéré pour ne plus encoder une de ces protéines. Des expériences sont en cours là-dessus en Australie sur des bactéries.

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Quant au mammouth, comme le savent ceux qui parlent d’en cloner un, tout est affaire de gènes, en partant d’un éléphant.

La poule aux oeufs anti-allergies risque d’arriver sur le marché plus vite que le mammouth, lit-on dans un reportage sur CRISPR publié par la revue Nature , lui-même faisant partie d’un numéro spécial sur cette technologie qui n’en finit plus de faire saliver les généticiens. Le groupe australien, dirigé par le biologiste moléculaire Timothy Doran, s’attend à obtenir sa première génération de poussins dès cette année, même s’il faudra des années avant de savoir si les organismes de réglementation en acceptent la vente. En revanche, le mammouth n’est pas pour tout de suite... même si CRISPR a d’ores et déjà contribué à reconstituer une bonne partie du génome. Leur base de travail a été un mammouth mort il y a 3300 ans et retrouvé congelé en Sibérie. En comparant ce génome avec celui de l’éléphant d’Asie, on devrait être capable, disent les plus optimistes, de faire porter un embryon de mammouth par une éléphante.

Mais la preuve reste encore à faire. Risquent d’arriver à la ligne d’arrivée avant le mammouth : des singes, des moustiques, des chiens, des chats, du maïs et autres plantes destinées à l’alimentation ou au secteur pharmaceutique.

 

  • À San Francisco, un entrepreneur en biotechnologie nommé Brian Gillis est déjà engagé dans une série de tests pour trouver chez les abeilles un gène qui les rendrait moins vulnérables aux maladies qui frappent les ruches depuis quelques années.
  • Un groupe de l’Institut Roslin en Écosse —là où est née la première brebis clonée, il y a 19 ans— et un autre de l’Université du Missouri aux États-Unis veulent utiliser CRISPR pour créer des porcs résistants aux principaux virus dont sont victimes les porcs d’élevage.
  • Un groupe de l’Université de Californie a dévoilé en novembre une lignée de moustiques qui seraient incapables de transmettre la malaria ou la dengue —et dont la résistance serait transmise à leurs descendants.
  • Un groupe de l’Université de l’Alabama veut utiliser CRISPR chez des poissons d’élevage pour les rendre stériles —et ainsi empêcher qu’un poisson qui s’échappe de son élevage ne «contamine» les populations de la région.

 

Mais tous ces tests seront confrontés tôt ou tard aux organismes de réglementation. La question qui n’a pas été encore tranchée est la petite case où faire entrer un organisme produit par la technologie CRISPR: faut-il le classer parmi les organismes génétiquement modifiés (OGM) chez qui on n’a pas introduit de gènes étrangers? Ou créer une catégorie sur mesure pour CRISPR? Et même si on en fait une nouvelle catégorie, conclut le reportage de Nature, rien ne garantit que la réaction du public sera meilleure...

 

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