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Les astronomes sont dans un état d’excitation avancé : un « autre » objet interstellaire serait entré dans notre système solaire, après le mystérieux Oumuamua de 2017. Et ce petit nouveau aurait plusieurs avantages sur Oumuamua.

Explication. On entend par « objet interstellaire » un corps céleste qui n’est pas en orbite autour de notre Soleil. Autrement dit, il ne s’agit même pas d’une comète dont l’orbite est si excentrique qu’elle met des milliers d’années à faire un tour complet. Il s’agit d’un astéroïde ou d’une comète qui est venu d’ailleurs… et qui va y retourner.

Qu’est-ce qui rend les astronomes si certains de leur coup, puisqu’ils n’ont détecté cet objet qu’alors qu’il était déjà relativement près de nous, et non au-delà de notre système solaire ? Deux choses : sa trajectoire — qui permet de déduire de quelle région du ciel il arrivait — mais surtout sa vitesse, qui fait en sorte qu’il ne sera pas capturé par l’attraction de notre Soleil et poursuivra sa route vers les étoiles.

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Si l’intuition des astronomes se confirme quant à l’identité « extrasolaire » de la comète « C/2019 Q4 (Borisov) », celle-ci présentera trois avantages sur Ouamuama.

  • L’excentricité de son orbite : une planète comme la Terre, avec son orbite presque circulaire, a un facteur d’excentricité de presque zéro. Les comètes et les astéroïdes, y compris les plus « excentriques », oscillent entre 0 et 1. Oumuamua était à 1,2, ce qui en faisait déjà une anomalie. Alors que ce nouveau venu est estimé pour l’instant à 3,08.
  • Sa vitesse : à 41 kilomètres par seconde, c’est déjà plus rapide que tout autre objet de notre système solaire, suffisant pour échapper à la gravité de notre Soleil, sans compter qu’il va encore gagner de la vitesse à mesure qu’il va s’en approcher; le bémol ici, note l’astronome Phil Plait, est qu’un objet « normal » aurait pu gagner beaucoup de vitesse s’il s’était beaucoup approché de Jupiter, mais sa trajectoire n’étant pas parallèle à celle de notre système solaire, une telle rencontre avec Jupiter semble improbable.
  • Elle continue de s’approcher : alors qu’Oumuamua avait été découvert tandis qu’il s’éloignait déjà de nous, celui-ci, découvert le 30 août — par un astronome amateur russe appelé Gennady Borisov, d’où son nom provisoire — devrait être à son point le plus près de nous — à « seulement » 300 millions de km — au début de 2020, ce qui laisse présager que beaucoup de temps de télescopes initialement prévu pour d’autres choses sera consacré à cette bien modeste comète qui ne fait que quelques kilomètres de diamètre.

S’ajoute à cela le fait que si on a détecté deux objets venus d’ailleurs en seulement deux ans, il doit y en avoir beaucoup d’autres qui passent inaperçus dans notre voisinage.

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La trajectoire de cet objet (en blanc, à gauche) par rapport à la trajectoire circulaire des planètes intérieures. (NASA/JPL-Caltech)

Ajout 30 septembre: les nouvelles observations tendent à confirmer qu'il s'agit d'une comète. Et l'objet porte à  présent son nom officiel: 2I  Borisov, en tant que 2e objet interstellaire découvert (l'autre étant 1i/Oumuamua). 

Ajout 2 octobre: Il se confirme aussi qu'elle sera à son point le plus rapproché du Soleil le 7 décembre.

Ajout 6 octobre: En théorie, il serait possible d'envoyer une sonde spatiale en 2030, sur une trajectoire qui l'amènerait à croiser cette comète en... 2045.

Ajout 16 octobre: le télescope spatial Hubble a pris à son tour une photo de la comète.

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