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Une partie importante du méthane qui s’échappe dans l’atmosphère provient de fuites dans les équipements des industries pétrolières ou gazières. Mais localiser ces fuites et identifier les coupables dépend de la bonne volonté des compagnies, ou d’inspections régulières sur de très nombreux sites abandonnés. Une solution: les identifier depuis l’espace.

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C’est la mission qu’aura le satellite MethaneSAT, lancé le 4 mars par une fusée de la compagnie SpaceX. La mission a été développée par un consortium inédit, composé d’universités et du Fonds de défense de l’environnement (EDF), un groupe américain à but non lucratif. 

Le méthane est invisible à l’oeil nu, mais on peut le détecter dans l’infrarouge : en 2019, une enquête du New York Times avait justement dévoilé au public, images à l’appui, l’ampleur sous-estimée de telles fuites. The Guardian s’est livré l’an dernier à un exercice de plus grande ampleur. Avant cela, des recherches universitaires avaient pointé depuis le début des années 2010 que ces fuites étaient supérieures à ce qui avait été estimé jusque-là, et qu'elles étaient plus généralisées. C’est en fait une recherche pilotée par l’EDF qui, dès 2012, avait tiré la sonnette d’alarme à ce sujet.

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C'est le deuxième plus important gaz à effet de serre produit par l’activité humaine, après le dioxyde de carbone (CO2). Tout comme le CO2, le méthane s’accumule dans l’atmosphère, bien qu’il y reste moins longtemps que le CO2. Chaque usine, chaque pipeline, chaque infrastructure liée au pétrole et au gaz, en plus des exploitations agricoles et des sites d’enfouissement, laissent échapper du méthane: des quantités qui peuvent sembler minimes mais qui, mises bout à bout, représentent l’équivalent de 0,3 degré de plus de réchauffement d’ici 2040, selon un rapport des Nations unies paru en 2021.

C’est dans ce contexte qu’intervient MethaneSAT : il pourrait en théorie pointer des coupables pour les plus grosses « fuites », mais il pourra surtout contribuer à mesurer l'évolution de la présence de ce gaz dans le temps et ainsi, fournir des arguments à ceux qui militent pour une réglementation plus sévère. Ces dernières années, autant des pays que des compagnies se sont dotés de cibles de réduction des émissions de méthane d’ici 2030 ou 2050, mais seule une surveillance accrue —satellites et avions— permettra de dire si ces engagements sont respectés.

À ce titre, MethaneSAT n’est pas le premier: 12 petits satellites canadiens (chacun de la taille d’un four à micro-ondes) gérés par la compagnie GHGSat, contribuent à identifier des sources d’émissions de méthane et de C02. Le programme est en partie payé par les compagnies pétrolières et gazières, et par l’Agence spatiale canadienne. Par ailleurs, un instrument appelé TROPOMI (TROPOspheric Monitoring Instrument), à bord d’un satellite de l’Agence spatiale européenne, « cartographie » en quelque sorte, depuis 2017, l’atmosphère terrestre au-dessus de larges régions, afin de suivre l’évolution de différents « gaz et aérosols ». 

Les avantages du nouveau venu: sa meilleure sensibilité, son champ d’action plus large, et le fait que ses données seront accessibles à tous.

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