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Amazon a envoyé deux objets empaquetés dans un colis trop grand. Ce qui serait une nouvelle banale, si ce n’était que les objets en question sont deux satellites. 

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Vendredi dernier, Amazon, propriété du milliardaire Jeff Bezos, s’est joint à la course aux « constellations » de satellites de communication, à l’instar de son rival SpaceX, propriété du milliardaire Elon Musk. Avec son système Kuiper, Amazon espère en effet concurrencer le système Starlink de SpaceX dans la couverture Internet des régions du monde plus difficiles d’accès. Les deux satellites en question, KuiperSat-1 et KuiperSat-2, ont été lancés par une fusée Atlas V de la compagnie United Launch Alliance (ULA), depuis la base de Cap Canaveral, en Floride. Et dans un communiqué vendredi soir, Amazon disait avoir établi la communication avec ses deux engins en orbite. 

Idéalement, ces deux satellites auraient dû être lancés par une fusée de l’autre compagnie fondée par Jeff Bezos, Blue Origin. Mais son programme de lancement de satellites est de trois ans en retard sur ce qui avait été prévu (ses débuts sont à présent annoncés pour 2024). Il a donc fallu passer un contrat avec ULA, et c’est ce qui explique le problème de taille du « colis ».  

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Les KuiperSat feraient —Amazon a été très avare de détails— un peu plus de 500 kilos chacun, ce qui est beaucoup plus petit que la capacité offerte par une fusée Atlas, soit 7000 kilos. 

Ça n’aura aucun impact sur la performance des satellites, mais ça s’inscrit dans une certaine précipitation de la part d’Amazon pour rattraper son retard sur Starlink: en avril 2022, on apprenait que la compagnie de Jeff Bezos avait réservé des lancements sur à peu près tout ce qui était disponible comme fusées —les américaines de ULA et de Blue Origin et les françaises de Arianespace— à l’étrange exception des fusées de SpaceX. Une facture qui pourrait atteindre les 10 milliards de dollars pour 83 lancements dans les cinq prochaines années. Selon les experts, il s’agirait du plus gros contrat du genre de l’histoire des vols spatiaux.

Jusqu’à récemment, la plupart des satellites de communication étaient sur des orbites dites géostationnaires: à plus de 35 000 km d’altitude, ce qui leur permet de tourner à la même vitesse que la Terre, donc de rester continuellement au-dessus du même point. En comparaison, les satellites moins coûteux dont il est question ici sont placés sur des orbites plus basses (moins de 1000 km) mais doivent du coup être plus nombreux pour que le service puisse couvrir en permanence les différents territoires. 

À l’heure actuelle, Starlink a déjà 4500 de ces satellites en orbite, et c’est ce retard qu’Amazon tente de rattraper: son programme Kuiper est censé compter, à terme, 3286 engins là-haut. Une troisième compagnie, la Britannique OneWeb, en a lancé 650. 

Et avec ces nuées de satellites vient un danger, celui des collisions mortelles dans l’espace. Un simple boulon tournant autour de la Terre à grande vitesse peut détruire un satellite…ou endommager la station spatiale internationale. Plus tôt ce mois-ci, la Commission fédérale des communications des États-Unis (FTC) qui autorise les lancements en orbite, a imposé pour la première fois de son histoire une pénalité à une compagnie, Dish Network, pour avoir manqué à sa responsabilité de « désorbiter » (ou envoyer sur une orbite plus basse) un satellite qui était arrivé en fin de vie. En théorie, toutes les compagnies de satellites seraient censées le faire, mais jusqu’à récemment, cette tâche était largement laissée à leur discrétion. 

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