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Une dizaine d’engins pourraient visiter la Lune en 2024 —lui tourner autour, se poser ou y rouler— incluant une mission habitée en orbite. Si tout se passe comme prévu pour tous ces projets, ce sera un record et, peut-être, le début d’une nouvelle phase. 

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Ce record n’est en effet pas seulement le résultat de l’aboutissement de plusieurs projets nationaux ou internationaux en même temps. Il reflète l’intérêt accru pour un retour sur la Lune, cette fois à des fins économiques —ou bien, pour les plus optimistes, dans une perspective plus lointaine d’exploration de la planète Mars. 

Entre autres missions à surveiller en 2024: 

  • la sonde japonaise SLIM (Smart Lander for Investigating Moon) doit se poser sur la Lune le 20 janvier, ce qui ferait de ce pays le cinquième à y mettre le pied —à peine cinq mois après l’Inde. Lancée en septembre, SLIM n’a atteint l’orbite lunaire qu’en décembre —une « trajectoire économique » en carburant. L’objectif de la mission est de tester le système de navigation: soit celui qui, depuis l’orbite, aura permis d’identifier le lieu d’alunissage avec une précision d’une centaine de mètres, plutôt que de quelques kilomètres dans les missions précédentes. 
  • SLIM pourrait être suivie de peu, en février, par Peregrine, un engin de la compagnie américaine Astrobotic qui doit être lancé le 8 janvier par une fusée Vulcan Centaur de la co-entreprise (Boeing et Lockheed Martin) United Launch Alliance. Si tout se passe comme prévu, ce sera la première fois qu’une compagnie privée réalise un alunissage.
  • C’est l'exploit qu’espérait réaliser la compagnie américaine Intuitive Machines dont le lancement du IM-1 mission Nova-C est à présent prévu pour février (la date initiale était la mi-janvier), à bord d’une fusée de la compagnie SpaceX. Peregrine et IM-1 ont été rendus possibles par un partenariat avec la NASA, Commercial Lunar Payload Services (CLPS): l’agence spatiale américaine finance des projets lunaires développés par le secteur privé, dans le but de stimuler des partenariats commerciaux en vue d'une future exploitation commerciale de la Lune.  
  • Un troisième des projets développés par CLPS est censé déposer sur la Lune trois véhicules (ou rovers) d’un seul coup. Appelé CADRE (Cooperative Autonomous Distributed Robotic Exploration), l’expérience vise à tester la capacité de ces engins à travailler en réseau et avec un minimum d’intervention humaine pendant 14 jours (soit une journée lunaire). 
  • Également lié à l’initiative CLPS, le Lunar Trailblazer, lui, restera en orbite et tentera de dresser une carte des ressources en eau glacée cachées sous la surface de notre satellite. 
  • La compagnie finlandaise Nokia a également dans ses cartons un véhicule lunaire. En partenariat avec la NASA et Intuitive Machines, un lancement est prévu pour 2024, à une date indéterminée. Nokia contribue aussi au développement d’un réseau de communications 4G sur la Lune. 
  • La Chine ne sera pas en reste, avec le lancement, prévu en mai, de Chang’e 6, censé ramener sur Terre deux kilos de roches lunaires récoltés sur la face cachée. 
  • Enfin, la mission dont les médias parleront le plus sera sans aucun doute Artemis 2, qui emmènera quatre astronautes —trois Américains et un Canadien— en orbite lunaire. La mission, prévue pour l’instant pour novembre, constituera le premier vol habité au-delà de l’orbite terrestre depuis la dernière mission lunaire Apollo, en 1972. 

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Ajout 8 janvier : Peregrine a été lancé avec succès ce matin par la fusée Vulcan Centaur, mais la compagnie Astrobotic rapportait quelques heures plus tard une fuite de carburant qui pourrait contrecarrer son alunissage. Si tel est le cas, ce serait la 3e compagnie privée —après une israélienne en 2019 et une japonaise en 2023— à échouer. 

Ajout 9 janvier: La mission Artemis 2 est repoussée à septembre 2025, et Artemis 3, qui doit inclure le premier alunissage, est repoussée à 2026. La NASA évoque des technologies —dont le système de support de vie des astronautes— qui ne seront pas prêtes à temps. 

Ajout 14 janvier: Peregrine a pu envoyer pendant la semaine des photos et des données vers la Terre, et il a même parcouru l'équivalent de la distance Terre-Lune. Mais il est certain qu'il n'y aura pas d'alunissage: il est à présent, a annoncé la compagnie Astrobotic, sur une trajectoire de retour vers la Terre, qui l'enverra brûler dans l'atmosphère, possiblement le 18 janvier

Ajout 18 janvier: C'est terminé, Peregrine a brûlé dans l'atmosphère tel que prévu. Cet article du New Scientist résume la mission du début à sa fin prématurée. 

Ajout 19 janvier: La sonde japonaise SLIM s'est posée sur la Lune. Mais ses panneaux solaires ne semblent pas fonctionner, ce qui, faute d'alimentation en électricité, menace la mission.

Ajout 22 janvier : À défaut d'avoir assuré le succès de la mission (on en saura plus dans quelques jours), la sonde japonaise SLIM a peut-être réussi son premier objectif: cibler son lieu d'alunissage avec une précision de moins de 100 mètres, comparativement à des kilomètres dans les alunissages des décennies précédentes. 

Ajout 25 janvier: L'Agence spatiale japonaise a révélé que SLIM s'est retrouvé la tête à l'envers après avoir touché le sol lunaire, ce qui explique la mauvaise orientation des panneaux solaires. L'un des deux véhicules roulants a pu en renvoyer une photo. Il est possible que ces panneaux solaires puissent attraper un peu de lumière lorsque l'orientation du Soleil sera adéquate, dans quelques jours. 

Ajout 30 janvier: SLIM est sorti de son hibernation le 28 janvier, après neuf jours de silence, lorsque la lumière du Soleil a atteint ses panneaux solaires. Il a toutefois peu de temps devant lui, la nuit lunaire —qui dure 14 jours— devant commencer ce jeudi, et l'appareil n'était pas conçu pour durer au-delà de cette première nuit. 

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