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Au moment même où la mission lunaire Artemis rentrait sur Terre, une autre mission lunaire décollait plus discrètement de Floride, avec une double particularité: deux véhicules à son bord, et le potentiel de devenir le premier alunissage réalisé entièrement par le secteur privé.

Les missions Artemis sont en effet des missions de l’agence spatiale américaine, la NASA, tandis que le véhicule Yutu-2 qui roule sur la Lune depuis janvier 2019, est un rejeton de l’agence spatiale chinoise. Outre ces deux pays, seule l’ancienne URSS avait vu certains de ses engins automatiques se poser sur la Lune. Mais cette fois, c’est une compagnie privée japonaise, iSpace, qui est derrière la mission « M1 », lancée ce dimanche, 11 décembre, par une fusée Falcon 9, qui est elle-même un produit de la compagnie américaine SpaceX.

Fondée il y a un peu plus de 10 ans, iSpace est le résultat du concours Google Lunar Xprize, par lequel Google s’engageait à remettre 20 millions$ à la firme qui aurait développé le concept de retour sur la Lune le plus prometteur. Le concours avait été annulé en 2018, faute d’avoir eu un gagnant dans les délais prévus, mais l’équipe japonaise a persévéré. Elle compte aujourd’hui parmi ses investisseurs Airbus et la Banque de développement du Japon, et elle a décroché, parmi les «  clients » de sa première mission lunaire, les Émirats arabes unis et l’agence spatiale japonaise (JAXA): tous deux ont payé pour faire livrer là-haut leurs véhicules lunaires respectifs.

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La mission suit une trajectoire économique en carburant, ce qui veut dire que, profitant des attractions terrestres et lunaires pour se mettre progressivement en orbite, il lui faudra attendre avril pour l’alunissage.

Quant à Artemis, la première mission du nouveau cycle de la NASA dont on a beaucoup plus entendu parler ces dernières semaines, sa capsule Orion est revenue sur Terre comme prévu dimanche, amerrissant dans l’océan Pacifique. Si tout va bien, Artemis 2, avec cette fois des astronautes à son bord, devrait partir en 2024 pour une mission en orbite lunaire, et Artemis 3 devrait en théorie suivre en 2025 avec un premier alunissage. Pour l’instant, ce qu’il adviendra des missions suivantes est encore flou.

Si les observateurs des missions spatiales sont devenus depuis longtemps familiers avec l’idée de compagnies privées en orbite terrestre, et si SpaceX a plus récemment ajouté à l’ordre du jour l’idée que davantage de lancements seront un jour réalisés par l’entreprise privée, la Lune semblait jusqu’à récemment un objectif lointain. Ce n’est plus le cas. Avant iSpace, c’est la firme israélienne SpaceCell qui aurait pu être la première. Son engin, Beresheet, s’est écrasé à l’alunissage en 2019.

Les premières tentatives en cours ne sont toutefois pas entièrement privées: SpaceCell était soutenue en partie par des fonds publics, tout comme deux projets américains dont le lancement est prévu pour 2023, avec la NASA comme co-investisseur (par l’intermédiaire d’un programme dévolu à cette fin, le Commercial Lunar Payload Services). En fait, la trajectoire économique de la mission japonaise pourrait même l’amener à être dépassée sur la ligne d’arrivée par l’un de ces deux projets: Nova-C, de la firme Intuitive Machines, doit en théorie être lancée en mars, et ne mettre que six jours pour atteindre sa destination.

 

Image: Représentation d'artiste du module lunaire japonais M1 / Source: iSpace

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