(ASP) - Au Buisson-de-Cadouin, dans le sud-ouest de la France, les villageois l'ont baptisée la Grotte de l'Amour, quand ils ont appris ce qu'elle abritait : un trésor de la préhistoire. Ou, en moins romantique, de l'art pariétal préhistorique.

L'annonce effectuée le 4 juillet par des chercheurs français a fait la une des quotidiens locaux et nationaux. De son vrai nom la grotte de Cussac, le site accueillerait en tout plus de 200 gravures âgées entre 28 000 et 22 000 ans, représentant autant de bisons, mammouths, bouquetins, chevaux,rhinocéros et, plus rare pour cette période, quelques oiseaux et même des corps féminins. Norbert Aujoulat, spécialiste de la préhistoire et chargé des recherches sur la grotte, qualifie le site de "l'ensemble le plus spectaculaire de l'art gravé européen".

Par ailleurs, des ossements humains de sept individus non encore datés ont été découverts sur le sol de cette grotte. Une analyse au carbone 14 permettra de vérifier s'ils sont contemporains des oeuvres.

Le site de Cussac a été mis au jour en septembre 2000 par le spéléologue Marc Delluc. Dix mois ont été nécessaires afin que les spécialistes européens établissent un premier diagnostic et le rendent public. Une partie seulement de la grotte, longue d'environ 1 kilomètre par 10 à 15 mètres de large et 12 mètres de haut a été examinée, de sorte que les chercheurs en attendent encore d'autres surprises. Tout comme Lascaux, Cussac restera définitivement fermée au public afin de conserver le site intact.

Une telle découverte attire toujours les convoitises, et on se souvient des procès en série qui ont suivi la découverte en Ardèche de la grotte Chauvet, qui abrite des oeuvres âgées de 32 000 ans. Une fois n'est pas coutume, l'Etat affirme avoir été très prudent dans sa façon de gérer le "trésor" Cussac : le découvreur de la grotte a été dûment reconnu, et le ministère français de la Culture aurait même -ô, miracle ! - demandé et obtenu l'accord des propriétaires du terrain avant d'exploiter le site...

Isabelle Cuchet