Le secret de la bactérie mangeuse de chair
(ASP) - Les bactéries
dont on a décodé le génome se succèdent
désormais à un rythme tel qu'on en oublie
de les compter. Mais en voici une qui sera familière
à bien des gens: la bactérie mangeuse
de chairs.
Des chercheurs du Centre
de santé de l'Université de l'Oklahoma
ont en effet annoncé la semaine dernière
avoir achevé le décodage des gènes
de Streptococcus pyogenes -c'est cette tristement célèbre
bactérie. Il leur fallu cinq ans pour compléter
ce travail.
La bestiole est en
fait derrière plusieurs autres maladies, dont
le syndrome du choc toxique, la fièvre rhumatisme
ou des inflammations de la gorge. Elle est derrière
un plus grand évantail de maux que tout autre
bactérie. Et cela, avec seulement 1752 gènes
-contre au moins 30 000 pour l'être humain. La
séquence décodée révèle
un arsenal d'armes génétiques grâce
auxquelles ce micro-organisme peut faire autant de mal
au corps humain: une bonne quarantaine de "gènes
virulents", ce qui est beaucoup pour une bactérie.
"Elle
a une incroyable capacité à faire des
produits qui causent des dommages",
résume pour la BBC Joseph Ferretti, chercheur
principal. La recherche est parue dans les Proceedings
of the National Academy of Sciences.
Plus intéressant
encore pour les chercheurs est cette particularité:
cette bactérie abrite les génomes de quatre
virus, dont l'un pourrait être le coupable derrière
ces infections qui peuvent se développer incroyablement
vite, une fois que S. pyogenes est à l'uvre.
Rappelons toutefois
que cette bactérie ne surgit pas de nulle part
pour soudain attaquer de pauvres humains sans défense:
elle nous côtoie, se sert de nous pour se reproduire,
mais n'atteint que rarement le stade hyper-virulent
où elle a pris le nom de "mangeuse de chair".
"Elle est avec nous depuis des millions d'années,
explique Ferretti, et elle nous connaît très
bien." Peut-être qu'à présent, c'est
à notre tour de commencer à très
bien la connaître
.