Chronique martienne
(ASP) - Les scientifiques amateurs dexploration
spatiale et ils sont nombreux, même dans
des champs qui nont rien à voir avec lespace-
ont été servis la semaine dernière :
profitant de ce moment de lannée où
Mars était à son point le plus rapproché
de la Terre, la très sérieuse revue britannique
Nature a publié une large section spéciale,
composée de recherches tout aussi sérieuses,
mais moins étoffées quà laccoutumée.
Une section, il faut le souligner, financée
par la Planetary Society, groupe à but non lucratif
voué à lexploration spatiale. Et
bien que Nature ait gardé lentier contrôle
sur le contenu, ceci explique cela.
Le moment est bien choisi, justifient
les éditeurs, pour faire un bilan de nos
connaissances martiennes géologiques, atmosphériques,
voire hydrologiques (leau !)- parce quau
cours de la prochaine décennie, une
"flotille" de vaisseaux va partir à
lassaut de Mars: au moins deux à la fois,
tous les deux ans, cest-à-dire chaque fois
que Mars sera en position favorable par rapport à
la Terre. Un dentre eux, laméricain
Mars Odyssey 2001, est dailleurs parti plus
tôt cette année. A un moment ou à
un autre de cette décennie, jusquà
quatre vaisseaux (dont des japonais et des européens :
le premier du Vieux Continent, Mars Express, doit partir
en 2003 pour une mission en orbite, et larguer un petit
module, Beagle 2) pourraient se retrouver en train de
travailler en même temps dans un coin ou lautre
de la planète rouge ou autour delle.
Cela, bien sûr, si tout va bien.
Ce que le passé nous a appris à ne pas
croire...
Pourquoi tout cet argent dépensé ?
Eh bien, pas seulement pour des raisons politiques même
sil est effectivement plus facile de faire dépenser
à des sénateurs de largent pour
lexploration de Mars que pour celle de Pluton.
Il y a bel et bien des raisons scientifiques, ou plutôt
une raison scientifique, qui transcende toutes les autres:
laube de lhistoire martienne, il y quatre
milliards et demi dannées, a manifestement
été très semblable à laube
de notre propre histoire. Que sest-il passé
pour que Mars devienne un vaste désert et la
Terre, une boule grouillante de vie ? Le désastre
qui sest produit là-bas pourrait-il se
produire ici ? Une exploration plus en profondeur
du sol martien, voire le retour sur Terre déchantillons,
apporteront peut-être la réponse à
ces questions.