David a fait trébucher Goliath: et de deux!
(ASP) - Après la victoire de l'Afrique
du Sud contre les géants de l'industrie pharmaceutique
ce printemps, c'est au tour du Brésil. Les Etats-Unis
ont annoncé lundi qu'ils abandonnaient
leurs poursuites contre le Brésil, accusé
d'avoir favorisé la production de copies de médicaments
anti-sida.
Et le Brésil n'a jamais nié:
au contraire, il s'en vante. Ces copies -qu'on appelle
médicaments génériques- sont réputées
aussi efficaces que les "originaux", mais surtout, elles
sont beaucoup, beaucoup moins chères.
L'annonce américaine a été
faite au cours de la rencontre spéciale des Nations
Unies sur le sida, qui a lieu du 24 au 26 juin à
New York. Les Etats-Unis avaient déposé
leur plainte en février auprès de l'Organisation
mondiale du commerce, alléguant que l'autorisation
légale accordée par le Brésil à
la production de "copies de produits étrangers"
était une forme de "protectionnisme" -mot honni
en cette époque d'ouverture des frontières
et de mondialisation.
Et si les compagnies pharmaceutiques s'inquiétaient,
c'était parce que cette production "pirate" ne
visait pas que les malades du Brésil, mais ceux
de toute l'Amérique du Sud, où la majorité
de la population n'a pas les moyens de se procurer de
l'AZT et autres produits venus du Nord.
Au nom de la défense de leur propriété
intellectuelle, les géants de l'industrie pharmaceutique
protestent depuis des années contre la production
de médicaments génériques, mais
au cours des 18 derniers mois,
on a senti le vent tourner: on a vu jusqu'à des
chefs d'Etat demander à ces compagnies de faire
preuve de bon sens, et de permettre, avec leurs milliards
de dollars par année de profits, aux populations
du Sud d'avoir accès à des traitements
anti-sida, copies ou pas copies. Surtout s'ils peuvent
sauver des millions de vies