Un appel à 11 milliards de kilomètres...
(ASP) - Recevoir un
appel radio de l'espace, d'un point situé à
onze milliards de kilomètres, soit loin au-delà
de la plus lointaine planète connue, Pluton,
c'est quelque chose. Pioneer 10, cette modeste sonde
lancée par les Américains en 1972 et qui,
à l'origine, ne devait servir qu'à prendre
des photos de Jupiter, avant d'aller se perdre dans
l'espace, fonctionne toujours. Faiblement, mais elle
fonctionne tout de même. Après huit mois
de silence, un
signal très ténu a été capté
en fin de semaine par une antenne de réception
située à Madrid, en Espagne.
A pareille distance,
il faut 22 heures aux signaux radio pour effectuer un
aller-retour entre Pioneer 10 et nous.
Officiellement, la
mission a pris fin en mars 1997, alors qu'il était
déjà devenu tellement difficile de capter
les signaux de la sonde que c'en était devenu
un exercice pour les étudiants en radio-astronomie.
Mais sachant que l'engin avance dans un environnement
virtuellement inconnu aux humains - au-delà des
planètes, là où n'évoluent
plus que les comètes, et non loin d'une hypothétique
"frontière" entre notre système solaire
et le gouffre entre les étoiles- des efforts
sporadiques sont entrepris pour lui faire envoyer des
données vers la Terre. Ce qu'elle continuait
à faire, quand on lui en donnait l'ordre -jusqu'à
il y a huit mois.
Pioneer 10 a même
perdu son statut d'objet artificiel le plus éloigné
de la Terre: dans cette course, elle a été
battue en février 1998 par Voyager 1, qui est
à présent à 12 milliards de kilomètres.
Tous deux, qu'ils émettent ou pas, devraient
en théorie poursuivre leur course pendant des
millions, voire des milliards, d'années. Pioneer
10 doit croiser sa première étoile, membre
de la constellation du Taureau, dans deux millions d'années.