Le son du Big Bang
(ASP) - Ils appellent ça la
musique de la Création. Les restes d'une
fluctuation quantique vieille de 14 milliards dannées.
Un murmure indécelable. Ou plus exactement un
dessin, un peu comme lultime onde qui vient frapper
la rive, un long moment après quune pierre
eut frappé le centre du lac.
Deux détecteurs en Antarctique
ont détecté cette onde, dont les astronomes
qui ont annoncé la nouvelle lundi semblent convaincus
quil sagit dun lointain, très
lointain écho du Big Bang. Lécho
dune fluctuation dénergie à
léchelle quantique, qui se serait produite
une microscopique fraction de seconde après le
Big Bang. Une fluctuation dénergie qui
a mis en marche des ondes, gigantesques à léchelle
de cet univers naissant assez gigantesques pour
quon en détecte encore une trace, 14 milliards
dannées plus tard.
Mais ils ne se sont pas contenté
de détecter cette onde. En fait, ces deux détecteurs
ont produit la carte la plus détaillée
à ce jour du "bruit de fond" cosmique,
ces radiations qui constituent les résidus des
premiers âges tumultueux de notre univers -sa
période "inflationnaire", pour les
intimes. Et cest de cette carte détaillée
qua émergé cette fameuse image,
cette onde. "Nous
voyons la structure de lunivers dans son enfance",
explique au New York Times John Carlstrom, astrophysicien
à lUniversité de Chicago et directeur
dun de ces détecteurs, de son nom complet
Degree Angular Scale Interferometer. Ou détecteur
de micro-ondes, tout simplement.
Le deuxième instrument est un
ballon, appelé Boomerang, conçu pour
voler à très haute altitude (37 kilomètres,
pendant 10 jours) au-dessus du Pôle Sud, endroit
plus propice à la détection de ces fameuses
micro-ondes. En opérations en 1998, il a lui
aussi détecté ce faible bruit de fond,
ces "harmoniques", comme les appellent les
experts, révélatrices des plus anciennes
irrégularités dans la fabrique de lUnivers,
irrégularités doù allaient
émerger, bien plus tard, les galaxies.
Lannonce a été faite
dans le cadre dune rencontre de la Société
américaine de physique. "Il ny a aucun
doute que si nous écoutons attentivement, et
avec de nouvelles méthodes, nous allons en entendre
encore plus", résume pour la BBC John Ruhl,
membre dune des équipes.