Semaine du 25 décembre 2000

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L'étoile des Rois mages


Q
u'était donc ce signe céleste -cette "étoile au Levant", dit Matthieu dans son Evangile- qui apparut à ces trois observateurs de Babylone, et qui devait les guider vers l'Enfant-Roi? Etoiles filantes, comètes, conjonctions planétaires: toutes les hypothèses y sont passées. Mais 2000 ans après l'événement, force est d'admettre que le mystère de l'Etoile des Mages demeure entier.

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Si on ignore ce qu'était cette étoile, du moins peut-on dire ce qu'elle n'était pas: ainsi, les astronomes éliminent aujourd'hui rapidement les deux premières hypothèses. Non, ce n'était pas une étoile filante, car ces débris cosmiques (en fait, des météorites qui brûlent en rentrant dans l'atmosphère) sont trop éphémères (quelques fractions de secondes) pour s'accorder avec le récit d'un objet persistant.

Non également à l'hypothèse d'une comète, car s'il s'était vraiment agi d'un de ces objets promenant dans le ciel leur queue longue de milliers de kilomètres, tout le monde en Palestine l'aurait vu. Or, selon la légende, seuls les Mages auraient aperçu le lumineux phénomène.

L'hypothèse la plus solide reste donc celle d'une conjonction planétaire. Ce rapprochement très grand (de notre point de vue d'observateur, sur Terre) de différentes planètes entraîne une accentuation de la luminosité, au point de créer dans le ciel un point d'une très grande brillance.

En outre, on peut aujourd'hui reconstituer un tel événement. La mécanique des corps célestes obéit en effet à des cycles scrupuleusement précis: on peut donc, grâce à des logiciels perfectionnés -et même à des logiciels en vente dans le premier magasin d'astronomie venu!- reconstituer le ciel tel qu'il apparaissait à n'importe quel moment de l'Histoire.

Et de fait, on s'aperçoit en jouant à ce petit jeu qu'il y a bel et bien eu une conjonction planétaire spectaculaire à l'époque présumée de la naissance de Jésus. La période jonchant l'an 3 et l'an 2 avant Jésus-Christ est le théâtre d'une conjonction triple. D'abord, la planète Jupiter croise deux fois une étoile très brillante nommée Régulus. Quelques mois plus tard, en juin de l'an 2 av. J.C., dans une autre partie du ciel, la même Jupiter croise cette fois la planète Vénus.

En 1996, des astronomes utilisant un tout nouveau logiciel mis au point par la NASA, ont même conclu que cette dernière "rencontre" avait probablement été plus "serrée" qu'on ne l'avait calculé jusqu'ici: les deux planètes se seraient véritablement "fondues" pour donner l'illusion de n'être plus qu'une seule et même étoile.

Cet événement -une triple conjonction planétaire, phénomène rare par rapport aux conjonctions simples- aurait été de nature à fortement impressionner les Mages, qui étaient des observateurs aguerris du ciel. Et comme ils étaient aussi des grands prêtres au service des rois, ils auraient nécessairement cherché une signification à cet événement.

Or Jupiter était la planète des Rois. Et Régulus, l'étoile des Rois... Comment ne pas y voir un signe... royal?


Une seule petite mention de l'événement

Mais il y a un problème plus profond avec le récit de l'étoile des Mages. Plus embêtant. Toutes ces hypothèses prennent pour acquis que le récit des Mages est véridique. Or, ce récit, aussi séduisant soit-il, doit être pris avec circonspection. Car la question demeure ouverte.

En astronomie, on a coutume de dire qu'un phénomène astronomique -par exemple, la découverte d'un nouvel astéroïde- n'est enregistré que lorsqu'il a été corroboré par un deuxième astronome. Or, ce qu'on a ici, c'est une seule et unique mention, dans l'Evangile selon Mathieu, mais dans aucun des autres Evangiles. Une seule mention, avec fort peu de descriptions de surcroît: le texte, après tout, ne fait que deux petits paragraphes.

André Myre, bibliste à la Faculté de théologie de l'Université de Montréal se tient lui aussi assez loin de l'histoire de l'Étoile. "C'est vrai qu'on sait, sur tout ça, très peu de choses. Et la tentation de chercher dans le passé d'un grand Homme des signes qui auraient marqué son arrivée est assez courante."

Ce n'est pas la seule chose qui reste floue ou imprécise autour de la naissance du Christ. Par exemple, rien dans le texte biblique ne fait mention du 25 décembre. On sait aujourd'hui que c'est au IVe siècle qu'a été désigné le 25 décembre comme anniversaire de Jésus, et on sait même pourquoi : afin de concurrencer une fête très populaire de l'époque, celle célébrant le solstice d'hiver chez les Romains, ce moment de l'année où les jours cessent de raccourcir. Une fête de la lumière, quoi: beau symbole pour un Enfant-Roi né sous une... bonne étoile !

Etoile, année imprécise, anniversaire déplacée: pas étonnant devant tant d'incertitudes, que les tentatives d'explications scientifiques entourant la naissance de Jésus se cantonnent, aujourd'hui encore, dans des conditionnels prudents...

Luc Dupont




 

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