Le pollen voyageur
(ASP) - Lune des principales craintes
quant aux organismes génétiquement modifiés,
spécialement ceux quon retrouve dans les
champs, est quils se mettent à répandre
leur pollen aux quatre vents, et que ces espèces
"modifiées", plus résistantes,
prennent ainsi peu à peu la place des autres.
Crainte en partie fondée, vient de confirmer
une étude australienne.
Le petit pollen parcourt vraiment de longues
distances, si les vents lui sont favorables: jusquà
3 kilomètres, ce qui est bien davantage que ce
que lon croyait. Seule consolation: sur lensemble
des pollens, seule une infime quantité parvient
à survivre à daussi "longs"
voyages. En fait, au point de départ, à
peine 0,2% des graines passe du champ "modifié"
au champ "normal", et beaucoup, beaucoup,
moins, se rendent jusquà trois kilomètres.
Difficile donc, de dire quel est le niveau
de risque: si seuls quelques grains "modifiés"
se retrouvent parmi des milliers, voire des millions,
de grains "normaux", ils ont davantage de
chance dêtre noyés sous la masse
ou étouffés par les autres plantes,
ou mangés par les oiseaux, etc.- que de prendre
le contrôle du champ en question.
Cette recherche effectuées par
cinq scientifiques appartenant à trois instituts
de recherche agricoles ou biologiques dAustralie,
serait la première à grande échelle
sur la dispersion de telles semences dans des champs
cultivés (63 en tout), selon la directrice de
létude, Mary Rieger, du département
décologie moléculaire et appliquée
à lUniversité dAdélaïde.
Létude, qui est parue dans
la revue américaine Science
(la lecture du résumé
nécessite une inscription gratuite), risque
de provoquer des remous aux quatre coins du monde: quon
pense au fait quen Europe, où se trouvent
pourtant les chefs de file mondiaux de la lutte anti-OGM,
les normes de sécurité, pour empêcher
la "contamination" de champs normaux par du
pollen transgénique, nexigent une zone-tampon
que de quelques centaines de mètres. Même
si seule une quantité infime de pollen peut se
rendre jusquà trois kilomètres,
cela envoie comme message aux partisans comme aux opposants
des OGM, quun contrôle de ces graines, une
fois plantées dans un champ, est beaucoup plus
difficile quon ne le pensait.